[Acte 2] Bailar el chiki chiki

Tout avait été plié en un fragment de seconde. Un milicien l’avait remarqué et à peine eut il le temps de l’apostropher qu’il avait vu qu’elles étaient trois, éparpillées aux alentours pour épier le chef de la SHINRA. Ariadne avait échangé un regard bref avec ses deux compagnes d’infortune avant de s’avancer vers le soldat sans faire d’esclandre, la gorge nouée. Elle secoua ses doigts engourdis et se laissa entraîner un peu plus loin, le visage fermé et les lèvres scellées. Par chance, le milicien à qui elle avait à faire n’était pas trop zélé, leur triste performance d’espionnes ne les faisait certainement pas passer pour des professionnelles mais par mesure de sécurité, il devait relever leur identité. Ariadne haussa les sourcils avant de secouer la tête en fouillant dans son sac à main, priant pour qu’il ne la fouille pas et qu’il se contente de ses papiers. Pourvu que le contrôle soit bref, qu’aucun d'eux n’ait l’idée d’aller chercher plus loin ou ne fasse de lien avec sa mère, bien qu'elles ne partageaint pas le même nom et qu'elle fut officiellement adopté par sa tante. La garagiste était obligée d’imaginer le pire, mais si la SHINRA ne lui tombait pas dessus maintenant ce serait Aileen qui prendrait la relève plus tard en apprenant cette bévue. Quelle petite sotte. Il n’était cependant pas temps de se fustiger, son esprit était tout occupé à trouver une solution en cas de complications, elle aurait tout le loisir de mourrir de honte plus tard si on la laissait filer. Alors, comme bien rarement, Ariadne obtempérait froidement, attendant le verdict en croisant les bras alors que le milicien procédait aux vérifications. « Qu’est-ce que vous faisiez, tes petites copines et toi ? » Elle haussa encore les sourcils, retint à peine un rictus avant de répondre. « J’ai ma chambre, dans cet hôtel. Je rentrais et je tombe sur ça… » Lança t’elle en désignant vaguement le hall pour représenter la scène qui leur avait coûté cet interrogatoire. En éspérant qu'il se satisfasse d'une explication aussi peu chargé en détails. « C’est bon. On ne veut plus vous voir dans le périmètre déguerpissez. » Glissa finalement le militaire en lui rendant ses papiers, vaguement ennuyé d’avoir perdu du temps avec de pareilles incapables, sûrement. Mais pour l’heure elle se satisfaisait de cette triste victoire, bien que son goût soit âpre et que la pilule soit dure à avaler. Elle s’éloigna un peu du bâtiment l’esprit embrumé en se rongeant les ongles, jettant un coup d'oeil par dessus son épaule pour voir comment Mia et Yoa s'en étaient sorties.

Ce qu’elle craignait avoir été une mauvaise idée… s’avéra être une mauvaise idée. Il ne fallu que de quelques secondes aux miliciens pour qu’ils les repèrent. Mia avait eu encore plus devant cet homme de Rufus Shinra en train de s’avancer vers elle, que devant l’elfadunk de tout à l’heure. Le cœur battant, la mine déconfite, elle s’était laissée entraînée en dehors de l’hôtel. Elle ne protesta pas, comprenant qu’il valait mieux faire profil bas dans cette situation. « Qu’est-ce que vous étiez en train de faire ? » Interrogea l’homme tout en prenant son identité.  « Rien… Je loge juste dans cet hôtel… » Dit-elle dans un murmure qu’on avait l’impression de lui arracher. L’homme n’insista pas et s’éloigna pour rejoindre ses collègues. Mia avait un peu de mal à réaliser ce qui venait de se passer, cette journée tout entière lui semblait complètement délirante. Elle était à Costa Del Sol depuis même pas vingt-quatre heures et s’était déjà faite virée deux fois de cet hôtel… Eh bien, on pouvait dire que le soleil ne lui réussissait vraiment pas. Elle jeta un coup d’œil à ses compères d’infortune, vérifiant qu’elles s’en étaient sorties sans encombre. Ariadne n’avait pas l’air au plus haut de sa forme. Merde. Mia se sentait complètement idiote, après tout c’était elle qui avait donné l’élan en se mettant à les suivre. La mine piteuse, elle n’osait plus regarder dans la direction des deux jeunes femmes, trop honteuse de les avoir entraînées dans cette situation périlleuse. Un peu désorientée après cette scène, reprenant difficilement ses esprits, elle avait juste envie de remettre la main sur son coloc et de retourner sous sa couette afin de mettre fin à cette journée. Dépitée, elle s’assit sur le bord du trottoir, devant l’hôtel et enfonça son visage entre ses mains. Qu'est-ce que cette journée comptait lui réserver d'autre encore ?

Les voilà toutes les trois penaudes, réunis par la gêne autour d’un bout de trottoir. Ariadne, dans son coin, observait le bout de ses sandales, mine fermée. À quel moment avaient-elles imaginé une pareille opération possible ? Maintenant qu’elles avaient été prises en flagrant délit, la garagiste mesurait leur inconscience. Ariadne l’avait fait car elle pensait être en mesure d’y parvenir, son absurde tentative sur la plage ne lui avait elle pas servie de leçon ? De toute évidence quoi qu’elle entreprenne aujourd’hui, cela était vouée à l’échec.

À côté d’elle, Mia se morfondait. Assise sur le rebord du trottoir, elle s’était repliée sur elle-même. Ariadne était cependant trop agacée par leur piètre performance pour pouvoir lui apporter le moindre réconfort. Elle risquait même de lui faire plus de mal que de bien si elle ouvrait la bouche ou se mettait à formuler à voix haute ce qui lui passait par la tête. Au fond, elle était dans le même état, elle avait juste une autre façon de le montrer. Yoa avait été la dernière à les rejoindre et s’interrogeait sur leurs motivations. Un rictus échappa à la garagiste qui haussa les épaules avant de lever ses deux mains en l’air. « On voulait toutes tenter notre coup avec Rufus Shinra, non ? » Plaisanta t’elle sèchement. Elle voulait enterrer au plus vite cette défaite. « Estimons-nous simplement heureuses qu’ils se soient contenté de contrôler notre identité. » Bien que pour elle, cela soit déjà un mini drame. Elle évitait encore de penser à la réaction d’Aileen lorsqu’elle serait tenue de l’en informer.

Elle ne tenait plus en place, sa nervosité débordait. Impossible de retourner dans sa chambre d’hôtel pour le moment, ni se contenter de plier l’histoire sans en avoir eu le fin mot. Sur un coup de tête, elle décida qu’elle allait se rendre dans la grotte dont elles avaient eu connaissance un peu plus tôt. Sur place il n’était pas impossible qu’elle retrouve un grand nombre de personne croisé en ville. « Je ne veux pas rester là-dessus, je vais aller dans cette foutue grotte histoire de… » Mais elle ne termina pas sa phrase, frotta son visage pour se ressaisir et consulta les deux jeunes femmes. « De finir cette sale journée en beauté ? » Quoi qu’elles décident, elle s’y rendrait.

Le cul posé sur le trottoir brulant, Mia se sentait se vidée de toute volonté et énergie…
Pourquoi elle avait décidé, contre toute attente, de suivre le président ? Elle ne voyait pas de réponse à part une curiosité mal placée. Enfoncée dans un silence bougonnant, Mia ne dit pas un mot et se satisfit de la réponse d’Ariadne, qui, dans d’autres circonstances, aurait pu lui arracher un sourire.
Elle se releva un peu maladroitement, sans trop savoir ce qu’elle comptait faire ensuite. Peut-être retourner au bar pour boire une autre bière ? C’était finalement la seule chose d’agréable qui lui était arrivée dans cette journée. Elle s’appétait à en faire la proposition à ces deux complices, mais Ariadne avait visiblement autre chose en tête.
La première réaction de Mia fut de se dire qu’elle était complètement folle. Après tout ce qui venait de leur arriver, la dernière chose qu’elle s’imaginait faire était de retourner à l’aventure. Mais Mia était aussi particulièrement influençable, surtout face à une jolie garagiste dont elle n’était pas indifférente… Mine de rien, l’avoir à proximité d’elle était assez rassurant pour Mia et elle ne s’imaginait pas poursuivre cette journée toute seule. Rien dans son attitude ne semblait manifester son intérêt pour cette nouvelle quête, mais après un moment d’hésitation, elle décida de prononcer ces quelques mots : « Bon alors, allons-y. Je veux le fin mot de cette histoire. »