[Terminé] Fire meet Gasoline | Gabriel

Les lumières éblouissantes du Gold Saucer était sans doute la chose la plus étrange que Levia ai jamais vu de sa vie. Il y avait tant de bruit, tant d'effervescence ici. C'était si différent du calme de Wutai. Tout ici semblait plus industrialisé, plus tapageur. L'excès semblait primé en cet endroit. Cela faisait quelques semaines maintenant que la petite princesse était arrivée sur le continent. Elle observait ce nouveau monde avec les yeux remplis d'étoile. Prête à tout découvrir. Pourtant, Levia n'en oubliait pas pour autant sa mission. Ses amies ne l'auraient de toute façon pas laissé faire. Elles étaient là pour trouver de la matéria pour redonner à Wutai sa slendeur d'antan. Avant que la SHINRA ne la leur vole.

Rentrer au Gold Saucer n'était pas donné à tout le monde. L'entrée était chère pour ce temple du divertissement. Une chance, Levia était parvenue à chaparder un ticket d'or. Ce sésame était une entrée à vie et permettait à son porteur d'inviter quelques amies. C'est ainsi que notre petit groupe de l'archipel avait passé les portes de l'antre du péché. Jeunes femmes à l'âme d'enfant, elles avaient commencer par l'iconique grand huit entourant le parc avant de rejoindre le Wonder Square. C'est là que Levia, attirée comme un papillon par les neons, avait perdu ses amies. Le parc était si grand qu'il lui avait été impossible de les retrouver. Lorsque la petite demoiselle avait sorti son PHS pour leur donner un point de rendez-vous, elle s'était apperçu qu'elle avait oublié de le recharger. Tout cela s'annonçait bien compliqué.

Mais l'héritière des Tenson croyait en sa chance. Elle était persuadée qu'elle finirait par retrouver ses amies aux détours d'une allé. Aussi s'était elle dirigée vers le chocobo square. Elle avait toujours été fascinée par ces volatiles. Wutai n'était pas connu pour son élevage des chocobos de courses. Les spécimens présent dans ses contrées n'étant pas faite pour la vitesse. Ils aidaient à la ferme ou permettait le transport mais manquait également cruellement d'endurance. Levia avait un don particulier avec les animaux. Ceux ci semblaient l'adorer et rechercher sa proximité. Elle ne se l'expliquait pas mais en profitait toujours pour les flatter et leur communiquer tout son amour.

Alors qu'elle observait la course avec une fascination non dissimulée, elle le vit. Le port élégant et l'assise solide sur son chocobo noir, il était magnifique, comme d'habitude. Quelques courses étaient retransmises au Turtle Paradise et Levia avait plus d'une fois contempler ce jockey avec fascination sous les moqueries de ses amies qui adoraient la taquiner, elle qui n'avait jamais eu le béguin pour aucun des garçons du village. Évidemment, elle avait parié sur lui.

La course se termina sous une salve d'applaudissements, de rugissements victorieux ou désabusés, les parieurs laissant aller leurs émotions. D'autres catégories suivirent. Deux courses, peut être trois avant que la gorge de la jeune fille ne s'assèche et qu'elle ne recherche de quoi se désaltérer. La climatisation avait beau tourner à plein régime, le Gold Saucer était situé dans un désert. En plein mois de juillet, ce n'était donc pas le petit short et le haut léger de Lévia qui la protégeait de la chaleur ambiante.

C'est donc d'un pas décidé qu'elle se dirigea vers le bar avant de s'accouder au comptoir comme elle avait l'habitude de le faire chez le père de son amie dans son village. Personne ne lui avait dit qu'il était déconseillé pour une jeune femme seule de procéder de la sorte. Elle se contenta dans de commander un cocktail sans faire attention au fait qu'il était alcoolisé. Personne ne lui demanda de pièce d'identité non plus. La simple détention d'un ticket d'or démontrait de sa majorité non ? Elle jouait distraitement avec sa paille lorsqu'un léger frisson la parcouru. Étrange. Elle se retourna alors et l'aperçu. Lui. L'incarnation vivante de ses rêveries adolescentes. En chair et en os. Et pendant quelques secondes, elle fut bien incapable de détacher ses yeux de Gabriel Cendre-Tallerond.

Cette soirée aurait dû être comme toutes les autres. Gabriel avait brillé sur le terrain, une fois de plus. Favori des habitués des courses de Chocobo au Gold Saucer, le jeune homme était devenu presque une légende. Bien sûr il lui arrivait de perdre, mais les probabilités qu’il ressorte victorieux étaient bien plus hautes. En passant la ligne d’arrivée, il avait jeté son casque à terre, s’était élevé du dos de son chocobo du moment, et avait offert à l’une des caméras un sourire charmeur, le poing levé comme signe de victoire. Mais en dépit des artifices, de la victoire, le jockey était-il vraiment heureux ? Si une aussi belle réussite pouvait le distraire quelques instants, la dure réalité de la vie replongeait sur lui presqu’aussitôt. Il se sentait toujours aussi seul. Incompris, sans vrai ami, sans personne pour être heureux avec lui. Jouer la comédie avait ses avantages, on pouvait parfois se prendre au jeu, oublié ses petits tracas mais quand les projecteurs s’éloignaient de lui, l’obscurité reprenait le dessus. Qu’allait-il faire, pour célébrer ? Quelle question. Boire, toujours boire. Seul, accompagné ? Tout dépendait de qui se trouverait dans son repaire préféré. Une jolie femme lui apporterait peut-être un peu de réconfort, en cette étrange soirée.

Quand bien même Gabriel avait quitté la piste, tant qu’il était encore au Gold Saucer, il se devait de garder la face. Grand sourire, arrêt régulier pour prendre des photos avec les fans qui l’attendaient. Arrivant enfin à son bar préféré, on aurait pu penser que la pression aurait quitté son corps, mais non, bien au contraire. Ainsi le jockey fit une entrée triomphale, acclamé par certains, approché immédiatement par d’autres. Se débarrassant aussi vite que possible de tous ces gens, le jeune homme se glissa avec difficulté jusqu’au bar. Il n’eut qu’à faire un bref signe de la main pour que le barman comprenne ce qu’il voulait. Voilà des années qu’ils se connaissaient désormais, et quand bien même ils n’étaient pas amis, gabriel savait que l’alcool coulerait toujours exactement comme il le souhaitait avec cet énergumène-là. Un gin tonic. Dégoutant pour certains. Trop girly pour d’autres. Gabriel n’en avait rien à faire. Il aimait ce mélange d’amertume et d’acidité. Il aurait tué pour un bon verre de gin. Comme il était triste, d’ainsi se réfugier dans l’alcool quand on était aussi jeune mais bon… Il fallait bien tenir. D’une manière ou d’une autre.

Et puis il la vit elle. Couleur de cheveux improbable, mais qui ne masquait franchement pas sa provenance. Une demoiselle de Wutai. Si depuis quelques années cet étrange peuple s’insérait de plus en plus dans le reste du monde, Gabriel était toujours agréablement surpris d’en voir par ici, au Gold Saucer. Les wutaiens ne portaient pas franchement dans leurs cœurs ce temple de la luxure et de l’avarice. Mais son origine ne comptait pas, pas quand elle ressemblait à ça. Elle était belle, comme un soleil brillant sauvagement au milieu des étoiles en perte de vitesse. Le jockey aurait pu faire ce qu’il faisait toujours quand une demoiselle lui tapait dans l’œil : l’aborder, lui susurrer quelques mots doux, espérer que sa réputation serait suffisante pour dissimuler son malaise constant. Ce qu’il aimait séduire, ce brave Gabriel. Chaque chose en son temps. La nuit ne faisait que commencer, et il allait lui falloir bien d’autres verres avant de se sentir prêt à l’attaque. Trois, quatre verres ? Juste de quoi être complètement bourré ? Allez savoir. C’était la première fois que sa potentielle « proie » était là. Il en était sûr. Déjà parce qu’il connaissait presque tout le monde ici et puis… parce qu’elle avait l’air d’être émerveillé par les stupides artifices du Gold Saucer. Ah la jeunesse…

Un autre verre vint rapidement remplacer le premier. Gabriel était assoiffé, de toute évidence. De temps en temps, il jetait un coup d’œil à la demoiselle, se gardant bien de trop le faire, histoire de ne pas avoir l’être d’un vieux pervers. Ce dont il avait vraiment envie, c’était d’être dévoré. Il voulait que Levia le dévore du regard, qu’elle se jette sur lui. Pourquoi devait-il toujours signifier en premier son intérêt ? Parce qu’il était un homme ? Comme c’était indécent et archaïque… Succombes donc à la tentation, petite Levia.

Il était là, le prince des courses de chocobos. Seigneur des rêveries adolescentes de Levia. Elle ne put s'empêcher de le contempler tandis qu'il se frayait un chemin à travers la plèbe. Il attirait tous les regards et la demoiselle ne faisait pas exception, découvrant avec émerveillement qu'il était encore plus beau en personne. Elle adorerait d'ailleurs admirer ses traits d'un peu plus près. Il lui fallut bien pourtant détourner le regard. Dévorer les messieurs des yeux n'était pas ce que l'on apprenait aux jeunes filles bien comme il faut au Wutai. Non pas que la jeune fille ai jamais suivi les directives que son père avait tâché de lui inculquer. Il restait qu'elle ne voulait pas apparaître comme une greluche désespérée de son attention. Elle valait mieux que ça et comptait bien ne pas agir comme telle.

Levia tâcha donc de ne pas trop regarder en sa direction, même lorsqu'elle sentit la chaleur de son regard la balayer et réchauffer son corps. Elle résista également à l'envie subite de s'éventer. Pas la peine qu'il se rende compte si facilement de l'effet qu'il avait sur elle. Notre petite princesse avait sa fierté. Les sensations qui naissaient en elle étaient toutes nouvelles. Levia ne savait pas trop à quoi les attribuer. Ce n'était pas désagréable mais plutôt dérangeant.

En parfaite synchronisation, elle termina son verre avant de faire signe au barman de lui resservir la même chose. Devait-elle l'aborder ? Une telle occasion se représenterait-elle? Les secondes passèrent tandis qu'elle hésitait encore, pianotant du bout des doigts le long de son verre.

Cédant à la tentation, elle s'autorisa un nouveau coup d’œil en direction du jeune homme. Le regard du jockey croisa enfin celui de Levia et elle se prit à sourire. Elle n'avait jamais été du genre à jouer les fausses timides. Sa candeur naturelle lui évitait néanmoins de passer pour trop entreprenante. Suivant l'impulsion du moment, elle se leva, son verre toujours à la main et décida de s'installer à côté du héro du jour. Le regard brillant de cet éclat tout particulier. Un éclat qui rendait la jeune fille plus femme que jamais. Une étincelle qui voulait tout dire. Elle avait beau faire, beau essayer de le masque, l'alcool aidant, elle ne pouvait que le manger du regard. Ce soir, libre et sans la supervision de ses amies, elle se sentait toutes les audaces.

« Le verre de la victoire ? »

Et sans attendre de répondre elle leva le sien dans sa direction.

« On pourrait fêter ça ensemble. »

La demoiselle décida ensuite qu'il était peut être temps de se présenter. C'était la chose polie à faire dans ces cas là non ?

« Je m'appelle Levia. »

Un sourire lumineux éclaira son visage. Quand bien même il la renvoie dans son coin de salle, elle serait ravie d'avoir pu l'observer d'aussi près. Oui, décidément les écrans ne lui rendaient pas justice.

Et là, la glace se brisa, en un simple regard, en un claquement de doigt. Elle s’était levée, cette étrangère à la beauté si différente, si enivrante. Elle se dirigeait vers lui, seulement lui. Gabriel ne put réprimer un petit sourire goguenard. Il était extrêmement satisfait par la situation. N’était-ce pas exactement ce qu’il avait souhaité ? Comme si la voleuse pouvait lire dans ses pensées, et qu’elle les exécutait avec grand plaisir. Son sourire était ravissant. Naïf, aussi ? Levia semblait être une gentille fille, et le jockey ne voulait vraiment pas lui faire du mal mais… comment résister ? Et puis dans tous les cas, il ne pouvait être responsable des sentiments de tout le monde. S’il essayait toujours d’œuvrer pour le bien, ce n’était pas à lui d’assumer les déceptions des uns et des autres. Peu importe ce qu’il voulait d’elle, il serait clair. Si la demoiselle s’imaginait quoi que ce soit, ce serait de sa faute, et uniquement de sa faute. Mais pour le coup, le jeune homme n’était pas encore trop de ce qu’il souhaitait tirer de cette surprenante rencontre. Pour le moment de la compagnie, évidemment, mais quel genre de compagnie ? Une simple discussion… au bar ? dans les toilettes ? allongés sur un lit ?

Sa voix était tout aussi adorable. Gabriel s’en inquièterait presque. Allait-elle se briser en deux s’il la prenait entre ses bras ? Choix cornélien. Il la voulait mais… ce n’était peut-être pas une bonne idée. Dans tous les cas, sa remarque redonna le sourire au jeune homme. C’était d’une banalité folle, mais il l’excuserait. Parce que c’était elle. Et parce qu’il en avait envie. Levia était en tout cas un peu plus brave que ce qu’il avait imaginé. Il pensait se trouver face à une demoiselle tremblante, ayant sous le coup de l’alcool abordé son idole sans trop savoir quoi faire ensuite. Mais elle articulait d’autres mots. Beaucoup plus de mots. Et elle gardait un certain aplomb, comme si ce qu’elle faisait était tout à fait naturel pour elle. Peut-être que cette image de douce et délicate jeune fille n’était qu’une façade. Gabriel en avait rencontré des dizaines et des dizaines, de femmes comme cela. Il n’y avait rien de pire. Il fallait toujours rester fidèle à soi-même pour lui plaire. Quelle ironie lorsqu’on savait qu’il passait ses jours et ses nuits à faire semblant. Mais ça, son interlocutrice ne le savait pas et elle ne risquait pas de le deviner. Pas aussi tôt.

-Le second verre de la victoire. Tu avais presque raison. Assieds toi donc, je t’en prie.

Son regard océan se planta dans celui de son interlocutrice, la dévisageant avec un sourire charmant, beaucoup trop charmant. Il n’avait aucune honte à la détailler de haut en bas. N’était-il pas réputé pour cela ? D’être un tombeur ? Un petit monstre imbu de lui-même ? En d’autres temps, il ne se serait jamais permis de faire cela. Car Levia n’était pas un bout de viande. Et que toute personne méritait un semblant de respect. Serait-elle offensée ? Le remarquerait-elle, de toute façon ? Difficile à dire. Alors qu’il prononçait ces quelques mots, il vint tirer un tabouret sur sa gauche d’un mouvement sec du bras. Pour que la demoiselle puisse s’installer près de lui. Très près de lui. L’avait-il fait exprès ? Non. Mais ce n’était pas plus mal.

-Gabriel. Enchanté. Enfin, tu dois le savoir, non ? A moins que je surestime ma « popularité », ce qui ne serait pas improbable. Que fais-tu là, Levia ?

Il prononça son prénom avec lenteur, jouant des lettres, s’imprégnant de ce si étrange prénom qu’il n’avait jamais entendu.  La jeune femme se montrerait-elle intéressante, au-delà de son apparence angélique ? Gabriel était relativement curieux. Il voulait savoir ce qu’une demoiselle comme elle faisait là. Mais si la discussion tournait mal, le jockey ne lui offrirait même pas un sourire en partant. Les dés étaient jetés du côté de la voleuse, restait à savoir si elle était prête à les prendre à pleines mains ou non...

Une fois passé le premier pas en sa direction et la première paroles, la peur semblait avoir désertée Levia pour laisser place à une sorte d'adrénaline qui faisait pétiller ses yeux. Elle découvrait qu'elle aimait ça. Discuter avec un charmant jeune homme. Elle ne s'y était jamais adonnée avant. Personne n'aurait osé à Wutaï de toute façon. Il était beau, c'était la première chose qui lui était venu à l'esprit. Ses muscles finement ciselés se laissait apercevoir dans ses vêtements savamment ajustés. Sa voix grave lui arracha presque un frisson. Si elle l'avait déjà vu chevaucher sur écrans, elle n'avait encore jamais entendu sa voix. Comme beaucoup des continentaux, la langue commune semblait glisser différemment sur sa langue. Mais peut être était-ce au Wutaï qu'ils étaient différents ? Elle n'en savait trop rien, ne s'était même jamais posé la question.

Elle lui avait souris, Levia, lorsqu'il lui avait proposé de s'installer à ses côtés. De ce genre de sourire qui pouvait faire fondre un glacier. Et, chez elle, c'était totalement naturel. C'était lui, Gabriel, qui le lui avait inspiré. Ce n'était pourtant pas son genre. Ou si ? Comment pourrait-elle le savoir après tout ? N'était elle pas jusqu'à peu une princesse coincée dans sa tour d'ivoire ? Elle en avait brisé les barreaux et comptait bien à présent vivre sa vie. N'en déplaise à son père et aux collets montés du Wutaï.

Alors elle le laissa procéder à son examen, la détailler sans gêne, son sourire ne quittant pas ses lèvres avant de se permettre de faire de même avec peut être un petit peu plus d'insistance. Ils étaient deux à pouvoir jouer à ce jeu et Levia n'aimait pas perdre. D'un geste élégant qui trahissait peut être un peu trop ta classe sociale, elle pris place à ses côtés, posant son verre sur le bar en un léger claquement.

« Oui, je l'admets, ton nom est arrivé jusqu'au Wutaï. Contrairement à la croyance populaire, nous avons le câble. »

Bon d'accord, Levia devait l'admettre, la technologie n'était pas aussi accessible qu'ici. Par choix majoritairement. Wutaï n'appréciait pas la SHINRA et c'était eux qui fournissaient la plupart de ces services. Que faisait-elle là ? Excellente question.

« Là ? C'est bien vague. Si tu fais référence au Gold Saucer, et bien je profite de ce temple du vice pour me détendre avec des amies. Que j'ai perdues d'ailleurs. Même si, les connaissant, elles doivent sûrement être en train de dilapider nos gils. Pour ce qui est de ce continent, et bien... Disons que c'est une sorte de voyage initiatique. Pour ouvrir le Wutaï au monde. »

Ou plutôt, ramener des matérias au Wutaï pour en asseoir la puissance mais, ça, il n'avait pas besoin de le savoir. Tu terminais ton verre avant de t'esclaffer et de reprendre.

« Non, en fait c'est n'importe quoi. Ca, c'est la raison de mes amies. Moi je me suis juste enfuie. Pour vivre ma vie. Ca t'es déjà arrivé à toi, Gabriel ? De te sentir prisonnier ? »

Elle lui imposa alors l'obsidienne de ses prunelles contre l'océan déchaîné des siennes. Se penchant un peu plus dans sa direction, conspiratrice et presque tactile. Elle le voulait et, pour elle, c'était un constat presque effrayant.

« Est-ce qu'on se sent libre, lancé à pleine vitesse sur le dos d'un chocobo ? »

Elle en rêvait de cette sensation. De l'oubli qu'offrait la plénitude d'être parfaitement libre. Mais, est-ce qu'une telle chose existait seulement ? Pourrait-il lui apporter la réponse ? Et, si tel n'était pas le cas, peut être y aurait-il d'autres choses qu'il pourrait lui enseigner. Comme par exemple le nom du truc étrange qu'il était en train de boire.

Alors cette jeune femme le connaissait. C’était surprenant et d’un autre côté… Gabriel se sentait terriblement fier. S’il y avait bien quelque chose qui l’avait toujours rendu heureux, c’était d’offrir un peu d’hilarité, un peu de joie aux gens qui l’entouraient. Il n’avait jamais imaginé que ces matchs étaient diffusés jusqu’au Wutaï. C’était peut-être un peu condescendant de sa part, de penser que tout le monde n’avait pas accès au câble. Le jockey connaissait peu de choses sur ce pays étranger, c’était de la stupidité toute innocente et pourtant… Wutaï était sûrement un endroit tout aussi développé que les autres continents. Parler de tout cela lui donnait presque envie de voyager. Est-ce qu’elle accepterait de le conduire jusqu’à chez elle, de lui présenter les traditions et coutumes de son pays ? Bon, pour le moment il ne s’était rien passé et Gabriel ne savait pas encore s’il pouvait lui faire confiance, mais c’était une possibilité. Il s’en voulait de connaitre si peu de choses, d’être possiblement irrespectueux aux yeux de cette si délicieuse demoiselle. Elle n’avait pas l’air offusqué alors la situation n’était peut-être pas si terrible que ça. Et puis Levia, finalement, n’était pas si timide que cela. S’il s’était vraiment montré insensible, elle se serait probablement révoltée, non ?

-Pardonnes moi, les médias en disent peu sur ton pays. Cela doit être un si bel endroit. Maintenant que je pose les yeux sur toi, j’en ai la certitude. J’étais sur le point de te demander si toutes les femmes y étaient aussi ravissantes que toi, mais j’en doute. Tu es exceptionnelle, c’est ça mh ?

Etait-ce une habitude, pour les jeunes wutaïennes, que de faire un tel voyage initiatique ? Gabriel pensait que non. Levia était l’une des premières demoiselles de cette étrange contrée qu’il rencontrait. Une simple visite hein ? Pour le moment, il accepterait cette réponse, mais il en voulait bien plus. Le pire, dans tout ça, c’était que le Gold Saucer représentait tout ce que ces gens détestaient. C’était le paradis de la débauche, de l’égoïsme et de l’égocentrisme. Encore une fois, la Shinra contrôlait tous les médias, et ce depuis si longtemps qu’il était difficile d’être sûr de quoi que ce soit. Son interlocutrice allait peut-être révolutionner tout son existence. Ce brave jeune homme en avait bien besoin, d’une révolution.

-Bienvenue, en ce cas, Levia. J’espère que le voyage te plait, pour le moment. Si ce n’est pas le cas, j’espère pouvoir le rendre un peu plus intéressant pour toi, si tu es d’accord ?

Était-il incapable de calmer ses ardeurs, juste pour un instant ? Il ne pouvait s’empêcher de lui susurrer des mots doux, de la dévorer du regard. Elle était si jolie. Les chances qu’il puisse… l’avoir avec lui le temps d’une nuit étaient assez élevées. Mais il ne ferait rien, pas sans accord. Et puis curieusement, une petite voix dans sa tête lui disait de ne pas suivre son plan habituel, de ne pas prétendre être le même connard briseur de cœur. Il ne perdait rien à tempérer ses ardeurs pour le moment. Levia lui offrait après tout une conversation plutôt intéressante. Ça changeait des autres pouliches qu’il avait pu rencontrer jusqu’à présent. Puis le sujet qui fâche fût mis sur la table. Gabriel se sentit décontenancé, mais il ne laissa rien paraitre. Se sentir prisonnier ? C’était ça, la source de toutes ses souffrances. Il se sentait prisonnier dans son propre corps, forcé à jouer un rôle. Tout cela était si éreintant. Et que lui répondre, à cette demoiselle ? La vérité ? Non… Il était encore trop tôt. Beaucoup trop tôt. Le jockey n’allait pas s’ouvrir aussi facilement.

-Tous les jours, mais n’est-ce pas notre lot à tous, nous autres les êtres humains ? Piégés par nos responsabilités, par notre famille. Mais la vraie liberté est une dangereuse maîtresse. Pourquoi me poses-tu cette question ? Est-ce pour ça que tu es partie de chez toi ? Car tu te sentais emprisonnée ?

Dire la vérité, sans trop lui en relever. C’était un bon compromis, finalement. En disant tout cela, Gabriel gardait la même prestance, le même petit sourire. Il n’avait pas l’air de souffrir de la situation, ou du moins c’était ce qu’il laissait paraitre. Le sujet était compliqué, mais s’il jouait suffisamment bien, cela lui permettrait d’en découvrir plus sur sa jeune amie alors pourquoi pas ?

-Oui, ce que tu ressens au dos de l’une de ces fières bêtes est indescriptible. Le vent te caresse comme une vieille amie, tu ne penses plus à rien, tu vis juste à l’unisson avec ton compagnon. Tu n’as jamais monté un chocobo ? Cela peut peut-être s’arranger…

Un autre sourire en coin, leur discussion avait peut-être pris un tournant relativement sérieux, mais Gabriel continuait à vouloir la charmer. Il la voulait, plus que tout en cet instant. Est-ce que Nyx accepterait la présence de la jeune femme ? Difficile à dire. Il n’en était pas encore là, de toute façon. La nuit serait longue, mais pour une fois, ce n’était pas une mauvaise chose. Pour la première fois depuis bien longtemps, le jockey se sentait en paix. Levia parviendrait-elle à conserver ce statuquo ?

Dans toute son inexpérience, Levia n'aurait sans doute pas du le trouver aussi délicieux. Il allait sans dire que si Gabriel Cendre-Tallerond lui plaisait plus que de raison, si Staniv Tenson avait eu son mot à dire, il ne se serait jamais trouvé aussi proche de sa petite princesse. Il n'imaginait sa fille qu'avec un fier jeune homme originaire du Wutaï et prêt à défendre sa patrie. Si les qualités personnelles primaient pour lui sur la lignée, il n'en était pas moins exigeant. Il n'était pas du Wutaï, il travaillait dans un lieu qu'il méprisait et surtout, surtout, il masquait à peine ses attentions vis à vis de sa fille. Oui, rien de tout cela n'aurait plu au numéro deux du Wusheng. Mais il n'avait jamais vraiment réussi à régenter la vie de sa rebelle de fille. Il la voulait silencieuse et docile, fleur cachée et protégée alors qu'elle apprenait l'art du vol et s'éclipsait par la fenêtre pour rejoindre ses amies. Il la voulait réservée alors qu'elle était extravertie. Innocente alors qu'en ce moment, elle jouait les enjôleuses. Non, jamais son père n'aurait toléré cette rencontre et cela ne rendait tout cela qu'encore plus délicieux. N'allez pas croire que Levia n'aimait pas son père. Rien ne serait plus faux. Elle voulait juste qu'il la laisse vivre sa propre vie. Sans l'étouffer. Sans chercher à la surprotéger. Levia étouffait à Wutaï. Et quand on lui avait retiré ses amies, son oxygène, elle avait choisit de partir.

« Il faut dire qu'en général, on est pas vraiment fan des médias de la SHINRA. »

Un sourire en coin s'étira sur les lèvres de la Princesse.

« Flatteur. Mais nous sommes toutes exceptionnelles dans notre genre. »

Et c'était vrai. Ses amies étaient plus merveilleuses les unes que les autres. Voilà pourquoi Levia espérait, pour une fois, qu'elles ne la retrouvent pas. Elle souhaitait profiter au mieux de sa soirée et, qui sait, en apprendre un peu plus sur les mœurs occidentales. C'était l'occasion non ? Elle était fascinée, vraiment. Elle qui ne s'intéressait pas à la gente masculine au grand désespoir de certaines de ses camarades était prête à se laisser cueillir pour un sourire. Sur écran, il était déjà beau. En réalité, il était magnétique. Tu ne pouvais pas lutter.

« Avec plaisir. Je suis sûre que tu peux sublimer mon passage ici. »

Le simple fait qu'il soit près d'elle l'électrisait après tout alors passer plus de temps en sa compagnie ne pourrait qu'être intéressant. Les pupilles s'accrochaient, se dilataient, tentaient de se capturer. Oui, entre eux l'atmosphère était électrique et le barman semblait bien l'avoir compris alors qu'il s'acharnait à leur laisser leur espace. Mais Levia ne voulait pas qu'il se méprenne et la croit facile aussi approfondit-elle la conversation. La rendant plus sérieuse sans pour autant que le flirt ne quitte totalement l'équation. Elle se livrait. Un peu. C'était si facile avec lui et elle n'avait jamais vraiment été du genre dissimulatrice. Franche petite Levia.

« Je voulais pouvoir faire mes propres choix. Découvrir qui je suis sans que quelqu'un d'autre me le dise. Alors je me demandais... J'ai toujours cru qu'en dehors du Wutai, je me sentirais plus libre. Mais...  »

La phrase restée en suspend, la jeune fille avait enchaîné sur les chocobos. Ces animaux fascinants qu'elle n'avait jamais vu que de loin. La façon dans Gabriel en parlait, c'était presque magique. Charnel aussi. Levia se surprit à rêvasser que ces mots s'appliquent à elle également. Avant que sa question ne la sorte de sa transe.

« Jamais non. Le Wutaï n'est pas vraiment connu pour ses chocobos. Il y a bien quelques chocobos sauvages mais ils ne sont pas vraiment faits pour l'élevage. Enfin... Tu dois sûrement savoir tout ça mieux que moi. Mais j'adorerais que tu m'apprennes à monter. »

Est-ce qu'elle venait vraiment de dire ça ? Oh, elle avait beau être innocente, elle n'était pas non plus une oie blanche. Katana y avait veillé. Levia ne pensait pourtant pas que des pensées aussi perverses pouvaient germer en son esprit. A croire que ce Gabriel éveillait une sensualité dormante. Sa compagnie la galvanisait. Lui donnait l'impression d'être capable de tout. Que tout était possible. Et ça faisait du bien. Vraiment du bien.

La SHINRA. Cette fichue entreprise revenait toujours sur le tapis. Ces monstres avaient tout pris à sa famille, à la planète… Et voilà que Gabriel découvrait qu’ils l’avaient également éloigné d’une délicieuse créature pendant bien trop longtemps. Qu’importe, le passé ne pouvait être changé de toute façon. Et Levia était là, en chair et en os, prête à être dévorer comme un vulgaire bout de viande. Mais le jeune homme voyait bien plus que ça, chez elle. Elle était pétillante, courageuse, adorable… Si le jockey avait peu de chance avec la gente féminine (entendez qu’il ne tombait que sur des pestes superficielles), il lui était déjà arrivé de rencontrer quelques demoiselles qui étaient tout aussi gentilles et belles. Mais cette fois-là, quelque chose était différent. Il pouvait le sentir dans l’air. La tension était palpable, une tension qui le poussait à la vouloir. Tout entière. Sans aucun compromis. Pourquoi ? Parce qu’ils semblaient tous les deux cachés un mal-être profond ? Parce qu’ils étaient des âmes sœurs ? Difficile à dire. Gabriel n’en savait foutument rien, mais cela n’avait aucune importance de toute façon. Il fallait en profiter tant qu’elle était là. Tant qu’il ne l’avait pas encore cruellement repoussé. Tant qu’elle n’avait encore décidé de fuir, dignité et virginité sur le bas-côté.

-En général ? Et toi, plus particulièrement ? Tu sais, là tout de suite, les autres je n’en ai pas grand-chose à faire. Qu’ils aiment ou non la Shinra. Qu’ils soient exceptionnels ou non. C’est toi qui compte. Moi dans une certaine mesure. Alors réponds pour toi, pas pour les autres, s’il-te-plait.

Son sourire s’était quelque peu éclipsé, l’espace d’un instant. Son commentaire serait peut-être mal pris, mais c’était la simple vérité. C’était même romantique, à ses yeux, si on ne s’arrêtait pas à la surface, qu’on lisait entre les lignes. Gabriel ne voulait qu’elle, n’était intéressée que par elle. Ce qu’il voulait, c’était la connaitre. Pas entendre des banalités sur son pays. Pas pour le moment en tout cas. Le jockey était… étrangement beau, quand il devenait un peu plus sérieux. Le côté casanova et égocentrique se faisait la malle, laissait entrevoir ce qu’il se cachait derrière le masque. C’était mature, viril, presque assuré malgré toute la douleur qui semblait sommeiller dans son cœur.

-Si tu en as la certitude et que je pense la même chose, tout est réglé alors. Faisons en sorte que cette « étape » au Gold Saucer soit inoubliable.

Le sourire et la candeur revinrent à toute vitesse, éclipsant presqu’aussitôt tout ce qui avait montré le bout de son nez quelques instants auparavant. Si Levia était vive, peut-être qu’elle aurait eu le temps de le comprendre un peu mieux. Sinon, tant pis. La demoiselle aussi se révélait, ou du moins elle essayait avec la même timidité que Gabriel. Résultat, cela ne donnait pas grand-chose. Elle semblait être elle aussi une âme en peine, perdue dans ce monde triste et cruel. Le jockey comprenait, ce qu’elle ressentait en cet instant. Lui aussi, pensait pouvoir retrouver sa liberté, sa joie de vivre en s’éloignant de sa famille, de ses amis, de tout mais… Cela n’avait rien changé. Le bonheur était un état d’âme. Il fallait le vouloir, et puis travailler dessus aussi. Tout plaquer et s’enfuir ne changeait rien. Rien du tout. Levia finirait par le comprendre, un de ces jours.

-Mais ? Tu t’es rendue compte que cela ne changeait rien ? Ou pas grand-chose en tout cas ? Fuir une mauvaise situation ne la résout pas. Cette situation reste en suspens. Du moins c’est ce que je crois. Mais je suis bien mal placé pour te faire la morale. Fuyons ensemble toujours plus loin ?

Petit rire. Il ne le pensait pas vraiment mais… cela restait tout de même une solution. Gabriel n’était malheureusement pas prêt. Il ne lui faisait pas encore confiance et puis… Est-ce qu’il la trouverait toujours aussi adorable demain ? A la lumière du jour ? Sans alcool dans le sang ? Il ne pouvait le dire avec certitude, malgré l’attachement tout particulier qu’il avait pour elle.

-Je ne sais pas si j’aurai le temps de t’apprendre à monter ce soir, mais je peux te présenter Nyx, si tu veux. Peut-être te faire faire un tour si mon pote du circuit travaille ce soir. Sauf si tu veux faire autre chose.

Sourire goguenard, une fois de plus. Oui bien sûr, il pouvait passer la nuit à jouer, rire et parler mais… Gabriel s’était imaginé tout autre chose au départ et l’idée volait encore dans son esprit. Il la voulait toujours autant. Un choix difficile, qu’il ne voulait pas le faire. Alors il attendait sagement, observait Levia, attendant qu’elle fasse ce choix pour lui. Si elle comprenait ce à quoi il faisait allusion, bien sûr…

Levia n'avait pas vraiment l'habitude qu'on lui demande de parler d'elle. Ses amies mises à part personne ne s'y était vraiment intéressé. Son père avait une idée très précise de ce qu'il voulait qu'elle soit et, dans son désir ardent de la protéger, il avait fini par oublier qu'elle était un être humain avec sa volonté propre. Il était souvent absent, occupé à protéger Wutai au côté du Wusheng. La laissant entre les mains de précepteur à qui il avait imposé sa vision des choses. Ils avaient un travail à accomplir et les espérances de la jeunes filles n'en faisaient pas partie. On avait fini par éloigner son maître voleur qu'elle aimait tant. Si elle continuait à le voir et à s’échapper par les passages secrets de sa maison pour rejoindre ses amis. Elles l'aidaient à s'échapper de son monde solitaire tout en lui donnant un avant goût de la vraie vie en dehors de sa prison dorée. Oh bien sûr elle n'était pas séquestrée. Elle pouvait sortir mais toujours accompagnée. Alors oui, Levia leva des yeux étonnés sur Gabriel.

« Moi ? La SHINRA m'a tout pris. Ma mère, mon frère. Mon clan. Mais ce n'est pas vraiment le genre de choses qu'on raconte lors d'une première rencontre. Quand à savoir si je suis exceptionnelle ou non... »

Levia s'approcha un instant, le temps de glisser quelques mots à l'oreille de Gabriel.

« Je t'en laisserai seul juge. »

Elle se sentait audacieuse, l'oiseau en cage. Enfin libre d'étirer ses ailes et de voler en toute liberté. Elle ne voyait pas le fil encore accroché à sa pâte bien qu'elle en devinait le poids. Mais elle n'était pas qu'une biche faisant ses premiers pas. Elle avait bien vu l'ombre derrière l'éclat des prunelles de son interlocuteur. Cette profondeur cachée. En réalité, cela l'avait même fait vibrer un peu plus fort. Il l'avait définitivement capturée à ce moment là. Il n'y avait plus de retour en arrière possible. Si son sourire l'avait fait fondre, son regard l'avait captivée. La petite princesse n'était pourtant pas facilement impressionnable mais il y avait quelque chose d'électrique dans leurs échanges. De prédestiné même. Comme si ce moment et ce qui allait suivre ne pouvait être évité. Oh oui, cette étape au Gold Saucer serait inoubliable. De bien des façons. A force de parler, Levia s'était retrouvée bien proche de Gabriel. Si proche qu'elle aurait bien du mal à l'être plus sans finir complètement sur ses genoux. Cela ne l'aurait pas dérangée d'ailleurs mais il lui restait tout de même un minimum de tenue à défaut d'avoir gardé sa pudeur. Les sourires échangés sont pleins de chaleur et de promesses. Comme une parade dont l'un et l'autre connaissait l'enjeu. La conversation devient timidement plus intime. Levia se livre. Un peu. Et Gabriel semble lire entre les lignes. Ca la rassure. L'alcool dans ses veines lui fait aussi croire que tout est possible.

« Ma situation n'était pas si mauvaise. Mais pas satisfaisante non plus. Je voulais plus... Pouvoir être moi. »

Sa proposition la surpris mais lui arracha un grand sourire.

« Fuir la réalité avec toi ? Avec plaisir. »

Le pensait-elle vraiment ? Sur le moment, l'alcool et les hormones aidant oui. Mais la réalité la rattraperait bien vite, de même que ses obligations. En attendant, elle voulait faire durer ce moment hors du temps. Gabriel l'aidait à se sentir libre et à se rapprocher de la femme qu'elle voulait être. Audacieuse et indépendante. Elle intégra ses paroles. Se demandant un moment s'il ne serait pas plus prudent d'accepter sa proposition et d'aller visiter le circuit. Garder cette soirée sur une note plus sage. Mais la Levia audacieuse pris le dessus, posant une main tentatrice sur l'avant bras du jockey.

« J'adorerai la rencontrer mais... pas ce soir. Ce soir, j'ai envie d'être égoïste et de te garder pour moi. Est-ce que ça fait de moi une mauvaise personne ? »

Peut être. Pour son père en tout cas cela justifierait une disgrâce. Pas sur que ses amies approuvent non plus. Mais ce soir, elle n'en avait que faire. Ce soir, elle voulait juste se sentir bien et tout oublier. Gabriel était parfait et son regard, à elle, ne cachait rien de ses intentions.

Alors elle détestait la Shinra, elle aussi. Rien que pour ça, Gabriel aurait pu lui faire l’amour toute la nuit. Ou juste l’embrasser fougueusement à l’instant même où elle deversait toute sa haine pour cette horrible entreprise. Il se contint, tant bien que mal, la regardant avec toujours plus d’intérêt. Le jockey n’était qu’un gosse, quand la Shinra était allée jusqu’au Wutaï pour massacrer tout le monde et faire plier le Wushen. Tout ça pour quoi ? Par avidité. Pour construire de nouveaux réacteurs. Les habitants de cet étrange continent avaient du vivre de si horribles choses. Gabriel se sentait un peu honteux, à côté, de détester l’entreprise pour des raisons bien plus triviales. Il vivait encore dans le luxe et la sécurité. Ses parents étaient perdus. Sa famille avait perdu la face, mais était-ce important au fond ? Non. Pas vraiment. S’ils se revoyaient, tous les deux, le jeune homme risquait d’en vouloir plus, de goûter à son passé, de tout avoir. Pour le moment, Levia avait raison, ce n’était pas un sujet à avoir lors de leur première rencontre. Et puis ces pensées parasites disparaitraient aussitôt que la distance qui les séparait… s’envolait. Disparaissait. Enfin, vous avez compris. Cela ne devait plus qu’être une question de minute, maintenant. La demoiselle était presque assise sur lui.

-Je suis émerveillé par ce que je vois pour le moment. Si tu me laisses être juge alors… Je vais rendre mon jugement.

De l’humour, toujours. Peut-être un peu lourd, un peu gauche, mais comment le lui reprocher quand il était si mignon ? Une pointe d’ironie, un petit sourire, le combo fatal. Gabriel aimait séduire mais il détestait se prendre au sérieux. Le sérieux avait quelque chose… de froid. Distant. Surtout, le jeune homme avait toujours eu du mal à exprimer ses émotions clairement. Ne passait-il pas son temps à jouer un jeu, après tout ? L’humour lui permettait de garder la tête autour de l’eau, et puis c’était toujours un peu plus drôle que de se mettre à genou et déclamer des poèmes à Levia, tel un preux chevalier. Ou lui mettre un coup de rein dans les toilettes. Tout cela n’avait rien de sexy pour lui. Oh non.

-Levia… Levia comment ? Tu ne me l’as pas dit. Mon jugement n’est pas officiel, si tu ne me le donnes pas. Laisse-moi t’en donner un avant-goût tout de même.

La main de Gabriel quitta son verre, enfin. Mais pour aller où ? Contre Levia, bien entendu. Sa main droite se glissa le long des hanches de son interlocutrice, venant finalement se loger dans le bas de son dos. Ce contact électrisa le jeune homme. Sa beauté était si enivrante, délicate et féroce tout à la fois. Il la voulait terriblement, en cet instant. Et il savait pertinemment bien qu’il en allait de même pour elle. Avec un appui sécurisé, le jockey pouvait enfin rendre son jugement. L’attirant doucement contre lui, Gabriel adressa à Levia un dernier petit sourire avant de fermer les yeux et de lui offrir ses lèvres. Ou était-ce elle, qui lui offrait ses lèvres ? Qu’importe. Le jeune homme l’embrassa avec fougue, un mélange de douceur et de violence, un baiser passionné, qui sembla durer toute éternité. Ce n’était pas l’un de ces petits bisous, gentillets et que les enfants s’échangeaient parfois. Ce baiser-là était long, langoureux, accompagné de caresse, de moments d’essoufflements qui s’éteignaient bien vite alors que leurs lèvres se retrouvaient à nouveau. Des baisers seraient plus logiques, qu’un seul alors. Il lui en offrit des milliers.

-Dommage… Nyx aurait adoré te rencontrer… Je crois. Mais moi aussi, je suis un peu trop égoïste pour partager ce soir. Si tu es une mauvaise personne, je suis un monstre, Levia. J’espère que ce monstre… et ce qu’il sait faire est à ta convenance.

Petit ricanement, premier de la soirée. Pas parce qu’il était franchement amusé. Il essayait surtout de ne pas mourir d’asphyxie, après cet échange langoureux un peu trop long et ce discours tout aussi long. De l’air. Besoin d’air. Levia aspirait tout l’air dans la pièce, et il ne lui en voulait même pas. Non, c’était pour ça même qu’il la voulait.

Émerveillée. Levia l'était tout autant. Si au départ, elle avait été éblouie de se retrouver face au jockey qu'elle avait tant admiré à travers un écran, à présent c'était l'homme et son magnétisme tout particulier qui l'avait capturé. Son sourire et ses mystères avait fait tomber toutes les défenses de la jeune femme. Elle était sous le charme, tout simplement. Ses remarques réchauffaient son cœur. Elle n'avait pas l'habitude de flirter. En partie parce qu'elle n'en avait jamais ressenti le besoin et, surtout, parce que personne à Wutaï n'aurait jamais osé. Ils connaissaient trop son père et ses excès. En voulant la protéger, il l'avait coupé du monde. Ignorant du fait que la jeune fille avait plus d'un tour dans son sac et avait découvert comment s'échapper, pour quelques instants de sa prison dorée. C'est ainsi qu'elle avait réussi à se faire des amies. Qu'elle avait pu s’entraîner au maniement de ses fidèles éventails. Les filles avaient partagé avec elle leurs savoirs, leur vision – peut être biaisée – du monde. C'est ainsi que la seule à lui avoir jamais parlé de l'amour et du sexe était la très libre Katana. La séductrice de la bande. C'était elle qui lui avait appris à ne pas cacher ses envies derrière une fausse pudeur et à accepter ses envies. Jusque là, tout cela n'avait jamais été que très théoriques. Levia n'ayant jamais été intéressée par quiconque. Elle vivait aujourd'hui une véritable épiphanie. La petite blonde n'espérait qu'une seule chose, que le jugement de Gabriel lui soit favorable. A en juger par la flamme dans son regard qui faisait s'accélérer le pouls de la jeune femme, elle avait bon espoir. Elle était captivée, capturée et en cet instant, prête à le suivre au bout du monde. Il lui apprenait ce qu'était le désir. Instinctif, animal, presque douloureux.

Il lui susurrait à l'oreille, réclamant son nom tout en laissant courir sa main contre les hanches de Levia. Elle en aurait presque ronronné de plaisir s'ils ne s'étaient pas trouvés au milieu d'un bar. Elle se contenta donc d'un imperceptible soupir satisfait. Il lui faisait perdre la tête, littéralement. Il lui fallu quelques secondes pour se rappeler comment elle s'appelait. Sans même penser aux conséquences si, par quelque coup du sort improbable, le nom de famille de l'un des héros du Wusheng était arrivé en ces contrés.

« Tenson. Levia Tenson. »

D'un seul coup, elle avait beaucoup moins de bagou la Levia. Il lui faisait perdre sa verve légendaire le petit jockey. Elle n'opposa aucune résistance alors qu'il la rapprochait de lui. Elle était bien trop heureuse de se laisser capturer. D'instinct, ses yeux se fermèrent tandis qu'il prenait d'assaut ses lèvres. C'était étonnamment facile. Comme si elle avait déjà fait cela auparavant. Comme si une mémoire cellulaire quelconque prenait le contrôle et qu'elle savait exactement quoi faire. Leurs lèvres se livraient un duel acharné, tout en volupté, tandis qu'elle pressait son corps contre celui de Gabriel sans plus penser une seconde aux gens qui pouvaient les observer. C'était presque magique et, les mains de Gabriel qui s'égaraient sur ses hanches, effleurant la peau sous son tee-shirt, la faisait frissonner. Elle n'était plus que lave en fusion. Comme celle qui se cachait sous le Mont Da Chao. Elle brûlait. Brûlait d'un désir fou dont lui seul était le remède. Sa propre main se perdit contre son torse, effleurant, découvrant son corps par dessus ses vêtements. Pas encore assez hardie pour tenter plus. Leurs lèvres se soudaient, encore et encore, tandis qu'ils s'exploraient l'un et l'autre jusqu'à ce qu'un petit toussotement du barman leur rappelle qu'ils n'étaient pas seuls.

Levia reprenait difficilement son souffle tandis que son Jockey reprenait la parole. Regard fiévreux, elle ne pu retenir un sourire face à sa tirade.

« Soyons des monstres ensemble dans ce cas. »

Elle avait de nouveau envie de ses lèvres Levia, de ses mains contre son corps. De sa peau contre la sienne et de bien plus encore. C'était peut être trop rapide. Sûrement même. Sans doute allait elle se faire rouspéter par certaines de ses amies mais elle s'en fichait. Elle le voulait. Lui. Maintenant. Ce serait lui, elle l'avait décidé. Levia savait qu'elle ne le regretterait pas, quand bien même cette nuit ne serait qu'une parenthèse dans leurs vies respectives. C'est donc avec conviction qu'elle se pencha vers son oreille.

« Et si on allait ailleurs ? »

La demoiselle offrit un dernier baiser à son jockey avant de se laisser entraîner hors du bar.

Levia Tenson. Aurait-il dû savoir qui elle était ? Peut-être que oui… En tout cas, elle n’était pas connue au Gold Saucer. Sinon, son nom lui aurait été plus que familier. Les habitués de ce lieu de perdition constituaient une seconde famille pour lui. Ils connaissaient les employés. Les autres jockeys. Les accros aux jeux de hasard qui venaient se perdre chaque jour dans cette machine infernale. Si ça se trouve, la demoiselle était connue, dans son pays. Cette pensée saugrenue le fit sourire, l’espace d’un instant seulement. Wutaï avait été, et était toujours, une contrée étrange pour le jeune homme. Il ne connaissait rien de ces gens qui avaient été décrits par la Shinra comme des barbares pendant des années. Qu’importe. Si Levia avait de l’importance d’une quelconque manière dans ce bas monde, Gabriel s’en fichait pas mal. Pourquoi ? Parce qu’elle était importante à ses yeux à lui. Selon son propre jugement. Ce dernier n’était pas encore tout à fait arrêté, et selon ce qu’il se passerait le reste de cette soirée, peut-être que son avis changerait mais… Le jockey était presque sûr qu’à partir de cette nuit-là, Levia tiendrait une place d’importance dans sa vie. Pour toujours ? Pour un long moment ? Comme si le destin avait su le persuader d’une telle éventualité.

Son intuition ne l’avait pas trompé, jusqu’à présent. Il s’était jeté sur elle, comme un loup affamé souhaitant dévorer sa proie mais… la petite Levia avait visiblement envie de se faire dévorer donc aucun problème de ce côté-là. Si elle l’avait repoussé, Gabriel aurait compris. Peut-être qu’elle n’était pas intéressée, ou que c’était trop soudain pour elle. Au final, ces deux jeunes gens étaient exactement sur la même longueur d’onde. La sentir s’abandonner à ses caresses, à ses lèvres, fit brûler plus intensément la passion qui dansait son cœur. Il aurait aimé que cette étreinte ne s’arrête jamais mais s’ils souhaitaient passer à la vitesse supérieuse, il allait bien falloir quitter le bar à un moment ou un autre. Cet abruti de barman se permit de venir mettre fin à cet instant magique. Quel con, celui-là. Gabriel le connaissait depuis des années maintenant, et s’il faisait les meilleurs cocktails de tout le Gold Saucer, l’amabilité n’était pas au rendez-vous. Le jeune homme lui lança un regard noir, lourd de sous-entendus. Il n’en aurait rien à faire, mais par égo masculin Gabriel se devait bien d’au moins faire ça. Et puis… ne venait-il pas de les aider, au fond ? Les pousser au départ. Les pousser au pêché, à l’interdit.

-Bonne idée. J’étais sur le point de te proposer la même chose mais… tu me ôtes tous les mots de la bouche, Levia. Quand tu ne m’embrasses pas.

Petit rire, une fois de plus. Ce jeu taquin qu’ils menaient était fort plaisant. En tout cas, Gabriel appréciait grandement ce qu’il se passait. Ce n’était pas l’une de ses inriguantes, qui aimait plaire et charmer pour finalement prendre la poudre d’escampette. Levia pouvait bien lui dire n’importe quoi, le taquiner, l’embêter, l’insulter, au bout du compte il savait très bien ce qu’elle voulait. Et il voulait exactement la même. La laissant l’embrasser une fois de plus, ce petite sourire narquois toujours au bout des lèvres, le jockey se décida enfin à se saisir de la main de sa… conquête ? Copine ? Plan cul ? Difficile à dire pour le moment.

-J’ai une suite, dans un palace un peu plus loin. Si c’est… bien ça que tu veux.

Et sur ces quelques mots, Gabriel traina Levia jusqu’à la sortie. Si elle voulait en effet le quitter maintenant, le jeune homme rentrerait dormir et puis elle… elle était bien trop bourrée pour rester au bar seule de toute façon. Le jockey sortit de l’une de ses poches un paquet de cigarette, s’en allumant une pour son plus grand plaisir. Il fumait très rarement, mais quand il était enviré comme cela, tant par l’alcool que par le désir, il ne pouvait y résister. Il garda un instant le paquet en main, interrogeant du regard Levia. En voulait-elle une aussi ?

Il n'avait pas la moindre idée de qui elle était. C'était parfait. Levia aurait tant voulu qu'il en soit de même au Wutaï. Qu'on ignore tout de son nom et de son clan ravagé. Elle était la princesse d'un clan dont il ne restait qu'une poignée de survivants. Est-ce que tout cela avait encore un sens ? Elle ne se sentait pas différente de ses amies à cause de cela. Elle n'était qu'une jeune fille comme les autres. Avide de liberté et curieuse de découvrir le monde. Elle avait tant de choses à découvrir sur ce monde, mais aussi sur elle même. Elle voulait explorer ces drôles de sensations qui l'assaillaient depuis qu'elle avait posé les yeux sur Gabriel. C'était comme un coup de tonnerre. Un feu ardent qui la dévorait. Une douce douleur qu'elle savourait. Ses lèvres avaient un goût d'éternité et jouaient avec les siennes en un ballet à la chorégraphie impeccablement exécutée. Comme si elles étaient faite pour ça. Comme si ce n'était pas son premier baiser. Elle avait craint l'espace d'un instant que des dents claquent ou des fronts se cognent mais non. L'instant était tout simplement magique. Collés l'un à l'autre, les mains de Gabriel explorant son corps souple, Levia avait totalement oublié qu'ils n'étaient pas seuls, jusqu'à ce que le barman les ramène à la réalité. Peut être aurait elle pu rougir si son visage n'avait pas déjà été rosit par la passion. Elle était surtout incroyablement frustrée. Elle voulait... Elle voulait... En fait, la Princesse ne savait pas vraiment ce qu'elle voulait mais son corps, lui, semblait en avoir une idée.

Ils prirent donc congés. Tous les deux. Pas question de le quitter. La nuit promettait encore bien des délices. Levia n'était pourtant pas le genre de jeune femme à suivre des hommes rencontrés dans des bars mais, elle voulait Gabriel. Elle voulait sa peau contre la sienne, ses lèvres sur son corps... Elle le voulait tout entier et au diable les conséquences. Elle lui ôtait peut être les mots de la bouche mais le jockey serait sans doute choqué de toutes les idées qui germaient dans son esprit alors qu'elle l'observait, sa bouche. Pour le moment, elle se contentait de l'embrasser à nouveau. Le Jockey se fit plus direct. Voulant être sur d'avoir son consentement. C'était mignon. Il était un véritable gentleman. Certes , Levia avait un peu bu mais elle était parfaitement certaine de ce qu'elle faisait. Aussi captura-t-elle son regard pour bien se faire comprendre avant de répondre.

« Oui, je veux passer la nuit avec toi. »

Il n'y avait rien qu'elle souhaitait plus que ça à ce moment précis. Elle refusa d'un petit signe de tête la cigarette tendue. Elle n'avait jamais essayé et n'avait pas vraiment envie de s'y risquer. Et puis, s'étouffer avec de la fumée devant Gabriel ne la tentait pas du tout.

Quelques centaines de mètres et une cigarette plus tard, la porte de la suite s'ouvrit. Levia n'eut pas vraiment le temps d'en apprécier l'intérieur. Entre eux, la tension était à son comble et il ne fallu qu'un échange de regards pour qu'ils s'embrassent à nouveau avec une passion sauvage. Le haut de la princesse alla choir au sol non sans perdre un bouton dans la bataille tandis qu'elle délestait Gabriel du sien. Le reste de leurs vêtements suivi rapidement jusqu'à ne les laisser qu'en sous vêtements. Levia sentit alors le froid du mur contre son dos sans savoir comment elle avait atterri là. Leurs baisers se firent encore plus langoureux et la demoiselle s'aida de Gabriel et du mur pour enserrer la taille du jockey de ses jambes. Leurs regards brillaient du même éclat tandis que, front contre front, ils reprirent un instant leur respiration avant qu'il ne les conduisent jusqu'à la chambre. Quant au reste de la nuit et bien... Nous dirons juste qu'elle fut mémorable.

Elle avait dit oui. Une fois de plus. Gabriel n’avait pas besoin de réfléchir plus que cela. Les signes étaient là, son consentement aussi. Et il était heureux. Heureux de pouvoir passer la nuit avec elle. De se changer les idées l’espace d’un instant… Ou plusieurs heures. Tout dépendait de ce qu’il se passerait à l’intérieur de la chambre mais bon… Il n’y avait pas trop de place pour l’imagination. Par contre… elle ne voulait pas fumer. Elle avait peur de se ridiculiser ? Ou elle détestait cela ? C’était peut-être même une manière indirecte de lui demander d’arrêter. Il n’en savait rien, mais il n’allait pas prendre le risque. La regardant avec un petit sourire en coin, il jeta presqu’aussitôt sa cigarette dans l’une des poubelles jonchant leur chemin jusqu’à l’hôtel. Il ne voulait pas la froisser. Pas tout de suite en tout cas. Cela finirait sûrement par arriver. Toutes les femmes finissaient par le quitter. Était-il si horrible que ça ? Il comptait bien la traiter comme une princesse et puis si elle décidait de le laisser, comme toutes les autres… soit. Il ne pouvait la forcer à rien. Et puis passer une simple nuit avec elle serait déjà une aubaine. Il avait besoin d’elle. De ses lèvres, une fois de plus.

-On y est.

Simple constat. Nécessaire à ses yeux. Il voulait la rassurer, une fois de plus. Il ne l’emmenait pas dans un traquenard, ou dans un endroit malfamé. La suite de Gabriel était… somptueuse. L’une des plus belles et extravagantes de tout le Gold Saucer. Et ça en disait beaucoup dans un tel lieu. Le jockey n’était pas n’importe qui. N’était-il pas une star, après tout ? Il l’avait mérité, tout cela. Il se serait bien amusé à faire un tour à Levia mais… Elle avait d’autres idées en tête. Lui aussi, de toute façon. Déjà, les caresses revenaient. Comme la marée qui, inexorablement, venait s’écraser contre les plages de sable fin. Il mourrait d’envier de lui arracher ses vêtements, de la couvrir de baisers. Mais l’indisposer n’était pas dans ses objectifs. Alors il fit preuve d’une certaine tendresse. D’une tendresse qu’il ne pensait même pas avoir. Ses vêtements glissaient avec douceur. Gabriel profitait de chaque instant pour se jouer du désir de sa douce. Ses doigts tapotaient sa peau ci et là, sans jamais s’appesantir sur un seul endroit. Il essayait de faire bonne figure, mais lui aussi sentait des décharges électriques parcourir tout son corps à chaque fois que Levia s’approchait. A chaque fois qu’elle l’embrassait. Il la voulait. Maintenant. A tout jamais ? Peut-être pas, mais l’idée lui traversa tout de même l’esprit.

Game on. La soulevant sans la moindre difficulté, il plaqua la délicieuse Levia contre un mur, juste au-dessus de l’armoire dans laquelle il rangeait ses trois pauvres tenues. Il l’embrassa. Une fois. Deux fois. Vingt fois. Il ne savait comment mettre fin à cette étreindre. Il risquait bien de mourir asphyxié, mais il n’en avait rien à faire. Il ne voulait pas en perdre une miette. Il était à elle. Elle était à lui. Ce flamboyant duo mit la suite sans dessus dessous. Des meubles renversés. Des vêtements par terre, dans tous les sens. Un vase se brisa même, à un moment. Rien n’était sûr. Obnubilé par son amante du soir. La nuit fût longue, la nuit fût belle. Levia aurait pu être comme les autres, une autre conquête, rien de plus. Mais cette fois-ci, c’était différent. Il le savait, sans trop vouloir l’avouer. Il l’avait voulu, et il la voudrait de nouveau. Pour toujours ? Peut-être… Peut-être.