My friend, do you fly away now?
To a world that abhors you and I?
All that awaits you is a somber morrow
No matter where the winds may blow2 février 1998«
Maman ? Où est-ce qu'il est Papa ?-
Je te l'ai déjà dis Aileen. Ton père s'occupe d'affaires importantes au dessus de la Plaque. »
Je n'avais beau avoir que huit ans, moi aussi j'aurais voulu voir ce qu'il y avait au dessus de cette plaque qui masquait le soleil. Le soleil... C'était un concept étrange pour les enfants des taudis. Papa en parlait souvent lors de ses rares visites. C'était un ambitieux mon père. Second fils cherchant à faire ses preuves, il rêvait de prendre la place de son frère. Il le jugeait trop frustre et incapable d'étendre la famille Corneo jusqu'à son plein potentiel. Alors il multipliait les actions d'envergures, développant son influence au sein des têtes pensantes de la SHINRA, préparant son œuvre. Je l'admirais à l'époque. Jusqu'à ce que la vérité éclate. Que j'apprenne que ce n'était pas la seule chose qu'il cachait à la surface. Que là bas aussi, il avait fondé une petite famille. Bien à l'abri du nom des Corneo. Il se faisait appeler autrement là bas. Dans cet appartement qu'il partageait avec
elles. Je me souvenais parfaitement du jour où la vérité m'avait heurté de plein fouet.
My friend, the fates are cruel
There are no dreams, no honor remains
The arrow has left the bow of the goddess
10 septembre 2001«
Allez Ariadne, dépêches toi ! »
Je l'avais sortie de sa zone de confort, je le savais bien mais, aussi téméraire que je puisse être, déjà à l'époque, je n'imaginais pas cette aventure sans elle. Je m'étais renseignée auprès de gamins plus âgés. Il y avait un moyen, en passant par ce mur, d'atteindre la surface. J'avais même réussi à les intimider suffisamment pour qu'ils me fournissent les batteries nécessaires à ma petite expédition. C'était dangereux. Je le savais mais, depuis quand le danger m'effrayais hein ? Je voulais voir la surface. Retrouver mon père. Lui montrer que malgré les années sans le revoir, sa petite fille était devenue une fière représentante de la Famille.
Alors on avait grimpé, failli tomber plusieurs fois.Escalader, encore et encore, jusqu'à atteindre le sommet. Et il était là. Le ciel. Magnifique et grandiose. On en a même pleuré, un peu, avant de se moquer l'une de l'autre et de reprendre notre périple. Tout ce que je savais, c'était que mon père vivait près de la rue Loveless. Je l'avais entendu, un jour, au téléphone. Alors on avait couru jusque là, sourire aux lèvres. Et on avait exploré le quartier avec des yeux émerveillés. Jusqu'à ce que le merveilleux se change en horreur.
Une voix familière accompagnée d'un «
Te voilà ma chérie. »
Je pensais qu'il m'était adressé. J'avais même fait quelques pas vers cet homme que j'avais tant chéri jusqu'à ce que je remarque la femme et la gamine blonde. Elle devait tout juste avoir cinq ans et me ressemblait bien trop pour que le doute soit permis. Mes poings se serrèrent jusqu'à abîmer mes poignets. Aucun mot ne s'échappa de mes lèvres et seuls mes iris furieux restèrent figés sur mon géniteur. Comme percevant une présence importune, il fini par lever les yeux vers moi. L'agacement que je lus dans ses prunelles aurait pu m'achever mais c'est en prenant son enfant dans les bras et en se dirigeant sans un regard en arrière vers les portes d'une salle de spectacle ornementée des mots LOVELESS qu'il me brisa définitivement le cœur.
The goddess descends from the sky
Wings of light and dark spread afar,
She guides us to bliss, her gift everlasting
8 février 2006«
Alors comme ça tu veux travailler au Honey Bee Inn ? Hmm... Tu as certainement le physique de l'emploi mais... enfin tu a à peine seize ans. Et tu es ma nièce. Une Cornéo. Même moi je ne suis pas aussi tordu. »
Je soupirais. J'aurai cru que mon oncle connu pour ses mœurs douteuses et ses mains baladeuses ne ferait pas l'effarouché. Ce n'était pas mon âge qui le dérangeait. Pas plus que notre lien de parenté. J'avais déjà plus d'une fois supporté ses regards lubriques sur moi. Non, ce qui le dérangeait, c'était de prendre position. Mon père nous avait officiellement répudiés, ma mère et moi. Il ne voulait plus de nous parmi les Cornéo. Seulement voilà, mon Oncle n'avait jamais su dire non à une jolie femme. Et ma mère était un spécimen unique en son genre tant qu'elle l'avait souhaité, elle avait fait partie de la famille. Aujourd'hui, elle voulait oublier et refaire sa vie. Pas moi. J'étais bien décidée à me refaire une place dans cette famille. Par la porte où par la fenêtre. Toutes les opportunités passaient par le Don. Une fois qu'il aurait accepté de m'écouter, je savais qu'il se rallierait à mon idée.
«
Je ne parle pas de devenir une Bee mon Oncle. Hors de question que je vende mon corps à ces crétins des Taudis. Je te parle de devenir la Reine des Abeilles. Je te parle d'un show qui attirerait les foules. Attiser le désir sans jamais le satisfaire, faire monter les enjeux. Tu sais bien qu'on aime jamais autant quelque chose que lorsqu'il est inaccessible. Pense aux sommes que ça pourrait te rapporter. On pourrait même exporter le concept. Faire des tournées et en profiter pour blanchir l'argent du reste de vos... activités. »
Je m'étais présentée avec tout un concept. Un plan savamment organisé qui n'était qu'une étape dans un plus grand dessein. La première touche d'une emprise qui se voudrait de plus en plus importante. Don Cornéo réfléchissait mais, je pouvais voir dans ses yeux que l'idée lui plaisait. C'était déjà gagné. Il avait juste besoin de s'en rendre compte.
«
Bien, très bien. On va faire un essai. Ce soir. Au Honey. On testera ton concept en situation. Je compte sur toi. »
Il n'allait pas être déçu. Je ne négociais jamais sans être sure de l'emporter. Ce n'était certainement pas le fait d'exhiber un peu de chair qui allait m'arrêter.
My soul, corrupted by vengeance
Hath endured torment to find the end of the journey
In my own salvation
And your eternal slumber
27 mai 2007En quelques mois seulement j'étais devenue la reine des nuits des taudis de Midgar. Loveless. C'était mon nom de scène. Un clin d’œil aux mots couleur néon qui avaient à jamais changé ma vie. Mes show faisaient salles combles. Des gens de la surface faisaient même le déplacement parait-il. J'aimais le pouvoir que mon art me donnait. Il ne s'agissait pas seulement de chanter et de séduire en me dévoilant petit à petit jusqu'à finir en sous vêtements sur scène. C'était bien plus profond que ça. Il s'agissait d'éveiller l'intérêt. Le désir. D'en montrer suffisamment mais jamais trop. Quand on se dévoilait totalement, les spectateurs se lassaient. Le moindre bout de chair devenait alors un prix à remporter. Il fallait aussi leur montrer qu'on appréciait d'être là, sur scène. Ne pas se jouer d'eux mais jouer avec eux.
En coulisse, une danse d'un tout autre genre avait eu lieu. Je m'étais rapprochée de mon Oncle. Il m'avait enseigné des leçons qui me servent encore aujourd'hui. Sur la façon de gérer un business, sur l'importance d'avoir un bon réseau et surtout sur les meilleures méthodes pour ce faire respecter. Car il fallait une sacré dose d'intimidation pour conserver la mainmise sur la pègre de Midgar en ressemblant à
ça.
Tout était pour le mieux. Mon influence grandissait et le Don m'adorait. Il avait toujours eu un faible pour les jolis visage. Si le voir me reluquer était profondément dégoûtant, au moins lui restait-il certaine limites sociales – à savoir ne pas toucher à la famille – même si cela semblait le démanger lorsque je me produisais. C'est alors que tout est parti en vrille. L'imbécile avait lâché des informations sur notre principal allié, la SHINRA, à un groupe terroriste. Il avait bien failli faire perdre au groupe le soutien de la compagnie. Heureusement, j'avais moi même mes propres pions dans cette compagnie. Mon Oncle n'avait pas totalement rompu nos liens avec la SHINRA. Et c'est en réalisant ce tour de force que je pu évincer mon propre père lorsqu'il tenta de prendre le pouvoir après l'accident du Don au Wutai. Le Serpent avait patiemment attendu son heure. Arrivant comme une fleur à peine mon Oncle placé sur son fauteuil roulant pour reprendre en main les Taudis. Il pensait le Don fini. Mais j'avais veillé à ce que rien ne change pendant sa convalescence. J'avais œuvré dans l'ombre avec la complicité de mon Oncle. Ensemble, nous maintenions le statu-quo. A présent, il était le visage et moi le cerveau.
Mon père, sa poule et leur progéniture démoniaque n'eurent qu'à rester au dessus de la Plaque. Leur petit coup d'état avorté leur avait coûté leur place chez les Corneo.
Even if the morrow is barren of promises,
Nothing shall forestall my return
To become the dew that quenches the lands3 octobre 2008Midgar avait été détruit. Les habitants méprisaient à présent la mako et la SHINRA. J'avais choisi de croire que cette haine passerait avec le temps. Que nous aurions bientôt à nouveau besoin de cette entreprise. Je savais bien sûr qui finançait la construction de Edge. Je n'avais pas coupé les ponts avec l'entreprise et utilisé les fonds des Corneo pour prendre la main sur les réseaux clandestins de fourniture d'énergie. Nous avions pris le contrôle de gisements de mithril et de réacteurs mako oubliés. Cela ne durerait qu'un temps.
Reconstruire l'équivalent des taudis du Secteur 6 à Edge avait été un travail de longue haleine. Je vous avoue que le Don avait surtout géré cette partie là. J'étais enfin majeure et je pouvais exporter le concept Loveless de part le monde. J'avais eu de nombreuses représentations au Gold Saucer et profité de mes voyages pour mes activités disons... moins légales. Peu connaissaient ma vraie identité. J'utilisais mon Oncle comme prête nom et de nombreux intermédiaires. Mon PHS pouvait modifier ma voix au besoin. J'aimais cette double vie. Femme d'affaires le jour, chanteuse de charme la nuit. Je menais mon monde par le bout du nez. Presque la seule à connaître les règles du jeu. C'était dur bien sur et il m'arrivait de faire des erreurs. Le tout était de rebondir et de faire mieux. Toujours mieux.
«
Madame, une jeune fille prétendant être votre soeur est à l'entrée. »
Ces mots suffirent à me glacer le sang. Le petit monstre s'était frayé un chemin jusqu'à mon monde et il était hors de question que je la laisse s'y engouffrer de façon durable. Elle avait déjà eu mon père, n'était-ce pas suffisant ? C'était peut être puéril mais je n'avais jamais eu le pardon facile. Elle n'était peut être pas directement responsable mais ça ne m'empêchait pas de ne pas vouloir la voir. Jamais. J'étais curieuse pourtant. Je voulais voir à quoi elle ressemblait. Aussi m'étais-je levée pour aller ouvrir la porte. La toiser de mon regard le plus froid avant de lui claquer la porte au nez. Sans un mot. Je m'étais ensuite enfermé dans ma loge et j'avais pleuré. Parce que ce petit monstre me ressemblait tellement et que j'avais reconnu cette lueur, cette naïveté dans ses yeux. J'avais la même il n'y a pas si longtemps. Et le Ciel me préserve, j'avais eu envie de la lui arracher.
There is no hate, only joy
For you are beloved by the goddess
Hero of the dawn, healer of worlds
2014- Mais... Puisque je te dis que je n'ai pas besoin d'un garde du corps !Le Don avait raccroché les armes et me laissait gérer en sous marin son Empire mais il lui arrivait parfois d'avoir des relents de despotisme.
- Ce n'est pas négociable, mon chaton. On ne pourra pas garder le secret indéfiniment et, ce jour là, tu auras besoin d'être protégée.J'aurais voulu l'envoyer sur les roses mais, sur ce point, il n'avait pas tort. Il avait toujours été prudent lorsqu'il ne se laissait pas guidé par ses bas instincts.
- Très bien, très bien. Est-ce que j'aurais au moins mon mot à dire sur le choix de l'infortuné ?Un sourire de prédateur s'afficha sur les lèvres de mon Oncle.
- Ne t'inquiète pas ma douce. Tu vas l'adorer j'en suis sûre.Je n'en étais pas convaincue. Mais dans tous les cas, même s'il était officiellement employé par Don Cornéo, c'était à mes ordres qu'il devrait obéir. Et, j'étais bien décidé à tester mon protecteur. Je lui préparais toute une série d'épreuve. Tout cela allait être très amusant. Il fallait que j'appelle Ariadne.