Boss Bitch ☼ Loveless

Soirée gravée à jamais dans son esprit. Élise ne pouvait retirer cette si charmante Loveless de ses pensées. Car elle était une arme léthale. Un jouet que l’inventrice voulait avoir également. Il lui arrivait de travailler avec le clan Cornéo de temps à autres. Avec le prétendu passage dans la « légalité » de la Shinra, Dame Scarlet se voyait dans l’incapacité d'obtenir certaines choses dont elle raffolait habituellement. Des éléments précieux pour ses expériences. D’autres petites douceurs pour illuminer ses nuits. Surtout, Élise pouvait se permettre d’être elle-même en compagnie de ces gens-là. Car ils étaient tous autant pourris qu’elle. Qu’ils étaient plus intelligents que ces idiots d’AVALANCHE. La menacer de révéler son identité pour obtenir quelque chose était une possibilité mais sinon… Ce n’était que du bonheur. Ainsi, après cette nuit au Honey Bee Inn, Élise avait fait parvenir une lettre à Aileen. Elle voulait la rencontrer. Discuter de son oncle. De ses transactions avec les Cornéo. La découvrir elle. La demoiselle ne savait trop que penser de cette situation. Loveless était elle aussi inoffensive qu’elle ne le lassait paraitre ? C’était une Cornéo, son sang était souillé, sans aucun doute. Mais Élise allait devoir être intelligente. Elle n’avait pas le droit à l’erreur. Plus maintenant.

La réponse qui vint jusqu’à elle la combla de bonheur. Autant que l’inventrice pouvait en ressentir, de toute façon. La rencontre se ferait. Dans un club, là où les gens se retrouvent sous le couvert du bruit et de l’alcool pour discuter affaires. Un choix judicieux. Loveless n’était pas une idiote, elle savait le monstre qu’elle invitait dans son territoire. Si elle serait évidemment en position de faiblesse, il ne fallait jamais sous-estimer Élise. Elle n’avait peur de rien. Certainement pas d’une gamine deux fois plus jeune qu’elle. Elle n’allait pas la sous-estimer mais… trembler à l’idée de la rencontrer ? Impensable. Azur serait de la partie, de toute façon. Si les choses dégénéraient, il se sacrifierait pour elle. S’enfuir en marchant sur le corps de son gardien ne la dérangeait pas. Elle avait fait pire. Bien pire que ça. La vie des autres ne comptait pas. Seule elle avait de l’importance. Peut-être un peu Keelyn, désormais, mais ça elle n’aurait jamais osé l’avouer. Pas avant un bon moment en tout cas. Apprêtée pour sortir en boite de nuit, chose qu’elle n’avait fait depuis presque une décennie, elle arriva enfin au lieu de rendez-vous. Peur d’être découverte ? Non. Peur de s’ennuyer. D’avoir mal aux oreilles. Élise n’était plus toute jeune.

-Je viens voir Mademoiselle Cornéo

Annonça-t-elle simplement au videur, se permettant de passer outre les clubbers attendant impatiemment dans la file. Hors de question qu’elle fasse la queue. Elle était attendue et n’était franchement pas du même calibre que ces idiots. Elle attendit quelques instants, qu’il vérifie si elle disait vrai. Puis quelqu’un vint la réceptionner. Un des laquais de la famille Cornéo, probablement. Elle se laissa conduire sagement par ce dernier, accrochée au bras de son cher Azur. Sans les connaitre, on pouvait presque penser qu’ils formaient le couple parfait. Deux divinités graciant l’humanité de par leur présence. C’était une manière de dissimuler ce pourquoi ils étaient vraiment là, aussi. Loveless ne serait pas dupe, mais ce n’était pas pour elle qu’elle prenait de telles précautions. La musique était déjà trop forte, Élise était agacée. Mais elle se contenait, car elle n’était pas là pour se faire plaisir. Pas tout à fait. Cette discussion serait probablement plaisante, mais l’objectif était tout autre. Bientôt, l’antre de la bête se présenta à ses yeux. Un endroit loin de la foule, où elles pourraient discuter sans être dérangées. Les manants n’avaient rien à faire dans cette discussion.

-Bonsoir, Aileen. Loveless ?

Elise Scarlet. Recevoir sa missive m'avait empli de joie. Elle ne le savait pas mais, indirectement, nous avions déjà fait affaire ensemble. Elle était de ces femmes fascinante que j'aimais à cotoyer. Le pouvoir au bout des doigts et la langue aussi acérée que la plus tranchante des lames. Si beaucoup la pensaient morte, ce n'était pas mon cas. Qu'on se le dise, les bas-fonds sont toujours les premiers au courant. Les rumeurs y grandissent, d'abord murmure puis tonnerre. Elle n'était pas vraiment passée inaperçue ces dernières semaines. Ni à Costa del Sol ni sur les routes. Ce n'était plus qu'une question de temps avant que sa survie ne soit révélée eau grand jour. Le savait-elle ? Craignait-elle pour sa vie ? Elle devrait. La blonde incendiaire ne s'était pas fait que des amis durant sa carrière. En avait-elle seulement d'ailleurs ? Des amis ? Des mignons peut être. Mais, quand était-il des personnes de confiance. De ces êtres à qui vous étiez prêt à confier votre vie ? Jusqu'il y a peu je n'en avait eu qu'une seule. Ariadne. Aujourd'hui... Et bien peut être que ce nombre avait évolué. Il était trop tôt pour le dire.

Il aurait peut être mieux valu refuser l'invitation. Mais comment l'aurais-je pu ? J'avais toujours rêver de rencontrer la sanglante Elise. Celle qui faisait trembler mon oncle de terreur autant que de désir. J'aurais bien voulu savoir ce qu'elle en penserait d'ailleurs. Des fantasmes du Don à son sujet. Il avait des idées particulièrement... Visuelles, la concernant. Et comme la moralité ne l'étouffait jamais, il ne se privait pas de les exprimer à voix haute. Vraiment, cette rencontre ne pourrait être que délicieuse. C'est donc pourquoi j'avais accepté l'invitation en répondant de mon papier à lettre le plus extravagant. Monogrammé de mon nom de scène et délicatement parfumé. Raffinement et élégance en toute chose. En cela, je m'éloignais de mon cher oncle.

J'avais choisi un de mes terrains de jeu préféré. Le club appartenait à la Famille. Le bar servait à blanchir une bonne partie de nos ressources disont... moins légales. Le monde de la nuit, c'était encore ce que je préférais. Les fêtes somptueuses, les paradis artificiels, les salons de jeu clandestins... Bien plus intéressants que le trafic d'armes ou de matières premières. Mais il fallait savoir se diversifier. Nous donnions après tout également dans l'immobilier.

Ma parure du soir était extravagante. Attirant les regards pour mieux les capturer. Ma plastique m'avait toujours servi d'arme. Ce soir ne faisait pas exception. Cette robe avait quasiment été cousue à même ma peau laissant tout deviner sans qu'on ne puisse réellement le voir et laissant apparaître  des jambes rendues presque interminables. Le tout agrémenté d'un maquillage sulfureux et de talons vertigineux. J'avais libéré Mateus pour la soirée. Ce club étant le lieu de prédilection du Don, j'avais pu le persuader que je retrouvais mon Oncle. Il m'avait donc accompagné jusqu'à l'entrée avant de partir faire je ne sais quoi. Je devais simplement le prévenir au moment de quitter les lieux. Il s'était montré étonnamment docile. Sans doute car j'essayais beaucoup moins de lui échapper que de l'attirer dans des recoins sombres à présent qu'il s'était enfin laissé ferré. Il avait sans doute eu des doutes mais les  vigiles étaient largement capables d'assurer ma protection. Il le savait. Il les connaissait bien.

Je l'aperçu bien vite flanquée de son propre garde du corps. Ainsi ne l'avait-elle pas sous estimée. Un bon point pour elle. Peut être y aurait-il la place pour deux couronnes dans leur petite partie d'échec de ce soir. Le cauchemar de Corel s'approcha un peu plus et elle pu discerner les traits bien connus de cette femme qui avait fait trembler le monde. Mon sourire se fit appréciateur. Je coulais un rapide regard vers son garde du corps – pas mal dans son genre même si je n'aurais pas échangé le mien pour ses beaux yeux – avant de reporter toute mon attention sur cette femme. Il était temps de voir si elle la méritait.

Presque lascivement installée sur les fauteuils de ce salon ultra VIP, je l'observais tel un faucon avec sa proie. Mais un faucon appréciateur ne vous méprenez pas. Cette femme était toute magnifique de cruauté. Un régal vraiment. Un sourire mutin se perdit sur mes lèvres tandis qu'elle prenait la parole.

« Pas de faux semblant entre nous, appelez moi Aileen, Elise. »

Un petit signe du doigt plus tard, les deux vigiles postés à l'entrée du salon arrivèrent avec une bouteille de notre champagne le plus cher. Cette soirée prendrait bien vite des allures de célébration je n'en doutais pas.

« Je dois dire que j'ai été agréablement surprise que vous preniez contact avec moi. »

Attrapant avec délicatesse et un brin d'érotisme la bouteille je servis trois coupes. Je tendis la première au garde du corps non sans un sourire ravageur – plus par habitude que par réelle tentative de séduction – et la seconde à mon invitée, réel point d'intérêt. M'attardant un peu plus dans son cas. Portant ensuite ma coupe à mes lèvres, j'attendais que commence les hostilités. Gaïa comme cette soirée promettait d'être amusante. S'ils savaient...

Elle était là. Trônant fièrement sur l’une des banquettes finement ouvragées de la boite de nuit. Elle était chez elle, reine impérieuse observant de loin sa... potentielle victime. Élise n’était qu’une invitée ici après tout mais... Tout cela l’indifférait au plus haut point. Elle n’avait peur de rien, et certainement pas de cette “Loveless”. Et puis si elle était là, c’était parce qu’elle en avait fait la demande. L’inventrice ne s’engouffrait pas dans des pièges sans être capable de s’en extirper vivante. Les idiots d’AVALANCHE seraient ravis de découvrir son cadavre au fond d’une ruelle mais... Élise n’avait pas envie de mourir. Aileen oserait-elle, de toute façon ? Elles se ressemblaient, toutes les deux. Deux jolies blondes. Créatures vénéneuses se débattant pour conserver le peu de pouvoir qu’elles ont. Le beaucoup de pouvoir, dans le cas de Mademoiselle Cornéo. Le regard de la jeune femme s’attardait un peu trop longuement sur Azur. Élise ne put que sourire en assistant à un tel cinéma. Pensait-elle la rendre jalouse ? Madame Scarlet s’en fichait pas mal, de son garde du corps. Il la protégeait. L’étreignait passionnément. Mais il ne lui était pas vital. N’importe quel autre homme aurait fait l’affaire. Une femme, même.

-Ravie d’entendre cela. Je déteste perdre mon temps, Aileen... Et j’ose espérer que vous partagez le même sentiment.

Petit rire, regard de braise s’enfonçant dans celui de son interlocutrice. La demoiselle était un adversaire de taille. Élise le savait et... cela avait quelque chose d’excitant. Personne ne représentait de vraie menace pour elle. Pas Rufus. Pas Keelyn. Certainement pas Enoch. Mais Aileen semblait capable de tout et n’importe quoi. Merveilleux. Elle voulait la détruire. Peiner à respirer. La dévorer, dans tous les sens du terme. Élise ne se fit pas attendre, prenant place sur la banquette face à son interlocutrice. D’un signe nonchalant de la main, elle congédia Azur. Il pouvait bien discuter avec les vigiles, ou prendre un verre. Signe discret que l’inventrice ne se sentait pas en danger. L’était-elle, en danger ? Probablement. Mais Aileen l’était tout autant. Les anciens seuls savaient ce dont ces folles étaient capables. Élise plongea ses lèvres charnues dans la coupe de champagne qu’on lui tendit. Et si elle s’était amusée à y glisser du poison ? Un petit sourire narquois vint déchirer le calme de son visage, coupe laissant couler toujours aussi violemment le liquide dans le fond de sa gorge. Ce qu’elle pouvait détester le champagne, mais elle ne disait rien. Car c’était un symbole de pouvoir, de richesse.

-Une surprise ? Cela me semblait évident pourtant... Après vous avoir vu presque nue, vous déhanchant comme une gentille fille, je ne pouvais vous retirer de mes pensées. Il serait toutefois malhonnête de dire que je suis venue seulement pour ça.

Oui, Élise avait été obnubilée par la performance de son interlocutrice mais... Cela n’avait aucune importance. Au mieux, cela gonflerait l’égo d’Aileen. Au pire, cela ne changerait rien du tout. L’inventrice était là pour affaire. Elle voulait comprendre qui était cette jeune femme et... elle voulait tester son influence. Était-elle capable de répondre aux demandes qu’elle faisait habituellement au Don et ses laquais ? Elle espérait mais il y avait encore de la place pour être déçue. Elle respirait le pouvoir et la puissance. Madame Scarlet doutait fortement qu’elle se contente de secouer ses fesses au Honey Bee Inn. On lisait la grandeur dans ses courbes, dans ses yeux, dans sa voix sensuelle. Le problème, c’était qu’elle ne pouvait croire aucun mot sortant de la bouche de cette vipère. Alors il allait falloir lire entre les lignes, essayer de la percer à jour sans être indécente... Mission impossible pour Élise, mais elle allait essayer au moins. L’inventrice tâcherait de se montrer honnête. Autant qu’elle le pouvait en tout cas. Elle n’avait rien à cacher. Aileen connaissait son identité. Savait ce qu’elle faisait de ses journées. Elise n’avait rien à perdre... son interlocutrice tout. Ou du moins c’est ce qu’elle s’imaginait en cet instant.

-Vous m’intriguez, Aileen. J’ai beaucoup entendu parler de vous mais... Ce qu’on me dit me laisse sur ma faim. Une simple danseuse ? L’adorable nièce du Don ? Juste ça ? Je n’y crois pas. Je sens l’ambition dévorante qui sommeille dans votre cœur. J’ai... besoin de... quelques petites douceurs. Pour mes expériences. Et je pense que vous êtes le contact parfait. Je doute que vous soyez aussi décevante que ce que les gens laissent entendre. Sinon... Parlez moi de vous. Vous semblez si intéressante.

Un petit rire s’échappa d’entre ses lèvres, qu’elle vint bien vite étouffer avec le reste de son champagne. Tout cela n’était qu’un pari risqué. Elle se trompait peut-être cruellement mais... Ca valait le coup d’essayer. De toute façon, Élise s’ennuyait alors... la discussion viendrait au moins rehausser sa journée.

Oserais-je attenter à la vie de la blonde vénéneuse de la SHINRA ? Sans aucun scrupule si tel était mon intérêt. Oh, bien sûr, je ne le ferais pas moi même. Les Corneo avaient des minions pour ce genre de basses besognes. Elle ne serait pas la première personne d'influence disparue sur un de mes battements de cils. Mais on n'attaquait pas impunément la Shinra et j'avais suffisamment de sources bien placées pour savoir que cette très chère compagnie n'avait pas tiré un trait sur la prétendue morte Elise Scarlet. Elle devait en savoir des choses. Des choses qui justifiaient qu'elle n'ai pas été jetée en pâture d'un peuple qui ne demandait qu'à exécuter un coupable. Elle en avait pourtant l'image parfaite. Boucher de Corneo, responsable des huge materias. Un agneau sacrificiel de choix sur le papier. Je le savais depuis toute jeune, le savoir était le pouvoir. Voilà pourquoi j'avais fait du honey bee inn le cœur de mon empire. Les langues se déliaient tellement plus facilement autour de draps en soie. Les Bees étaient considérées comme si peu de choses par les puissants de ce monde. Alors qu'elles étaient le pouvoir ravageur de la féminité incarné. Abeilles ouvrières récoltant et semant les informations pour leur reine mère. Et Rufus Shinra se croyait intouchable ? C'était risible. Le vrai pouvoir ne viendrait pas de son entreprise mais bien des rumeurs de ce monde. Ce que la voix du peuple donne, elle peut également le reprendre si quelqu'un d'autre lui offre plus précieux. Ou l'effraie un peu plus. Il fallait le séduire pour mieux le contrôler, l'effrayer pour mieux le déplacer. Elise avait trop tendance à pousser le bouton de la crainte. Je voulais juger de mes propres yeux si elle était si folle qu'on le disait où si elle pouvait faire preuve de suffisamment de retenue pour devenir une alliée de choix. Sans doute jamais une personne de confiance, mais une alliée oui.

Je devais bien avouer qu'elle était fascinante. Je pouvais presque sentir mon épiderme pétiller d'anticipation alors que son regard restait braqué sur moi. Qui dévorerait l'autre ? Pouvait-il y avoir une gagnante ou serait-ce là une lutte qui nous laisserait haletantes mais étrangement satisfaites ? De cette satisfaction étrange d'avoir trouvé notre égal dans ce monde. Une némésis devenant aussi nécessaire que l'air qu'on respire ?

« Je faisais surtout référence au fait que pour le commun des mortels, vous n'êtes plus de ce monde. »

Un regard incisif agrémenté d'un petit rire de gorge. Le champagne continua ensuite sa course folle à travers ta gorge tandis que j'en récupérai une goutte du bout de la langue. Ainsi avait-elle apprécié mon déhanché ?

« D'ordinaire, je ne fais jamais de show privé mais pour vous, je pourrais faire une exception. »

C'était dit suffisamment fort pour être entendu par les gardes du corps alentour et d'éventuels indiscrets. L'invitation était réelle, la tension provoquée aussi mais c'était surtout un moyen de paver le chemin vers d'autres rencontres encore plus intimistes. Elise était intelligente. Sans doute interpréterait-elle cette information de la bonne façon.

Je le savais pourtant que ce n'était pas juste les courbes de mon corps qui intéressait cette femme. Elle était bien plus complexe que cela. Jamais je n'aurais arranger ce rendez-vous dans le cas contraire. Son intuition semblait être aiguisée et je me surprenais à hausser un sourcil joueur au fur et à mesure de son petit discours. Noyer le poisson était ma spécialité. Aussi, m'approchais-je de la jeune femme après qu'elle ai parlé de douceurs, laissant une main caresser langoureusement sa cuisse. Il fallait occuper l'esprit des mâles qui, bien qu'à une distance certaines, ne devait en aucun cas surprendre nos échanges. Personne ne savait mon implication réelle. Si je pouvais bien donner un petit cookie à Scarlet, il n'était pas question qu'elle en apprenne trop ce soir. Je lui murmurais à l'oreille, feignant pour le reste des mortels un discours d'une toute autre nature.

« Il se pourrait en effet que j'ai quelques contacts en mesure de vous aider. »

Mots susurrés avant que mes lèvres de s'éloignent un peu plus de son oreille pour reprendre une conversation plus mondaine sans que je ne m'écarte pour autant.

« Que pourrais-je dire que vous ne sachiez déjà ? Je suis Aileen Corneo, la fille du Don. Pur produit de Midgar. Il ne m'a fallu qu'une quinzaine d'années pour comprendre qu'il était bien plus simple de diriger un homme par le Sud que par le Nord. Mon Oncle m'a offert un club douteux et j'en ai fait un Empire. Je me suis créé un nom et j'en ai fait une marque. Voilà ce que je suis. » Et bien d'autres choses encore. Je n'avais jamais été pour la fausse modestie. « Mais, je ne suis pas la seule à avoir des choses à dire. Vous, qui êtes vous en dehors de ce que les journaux ou les terroristes veulent bien en dire ? » Elle n'était pas la seule à vouloir en savoir plus.

Aileen riait de bon cœur. Ou c’est ce qu’elle laissait transparaitre, en tout cas. Qu’une seule solution, l’accompagner. Qu’elle ne se sente pas bête. Élise jouait très bien la comédie. Savait tout autant qu’elle se glisser dans la peau d’une « gentille fille ». Si la Cornéo voulait s’esclaffer toute la nuit, elle ne serait pas seule. Il était rare que l’inventrice ait sincèrement besoin de plaire à quelqu’un. Oui, aucun intérêt à violenter cette petite fille. Sa personnalité était… fabuleuse. Sa position extraordinaire. Reine du jeu d’échec. Reine pour son Roi, Elise sans genre ni visage. Élise oubliait presque parfois que les manants peuplant Gaïa la pensaient mortes. Souvenir sombre oublié dans les méandres de l’histoire. Mais Loveless n’était pas une, de manante, justement. Inutile de s’offusquer. Ou de s’inquiéter. Aileen n’était pas la seule à pouvoir la détruire avec cette information. Secret qui n’en était plus vraiment un, échanger dans les plus hautes sphères du pouvoir. Même pas peur, de toute façon. Elle serait un jour ou l’autre percée à jour alors… autant en profiter ? Hors de question de se museler. De faire plaisir à Rufus et ses laquais. Personne ne contrôlait Élise Scarlet. Et si vous pensez déjà le faire, regardez donc d’un peu plus près…

-Oh… J’oubliais presque que j’étais un fantôme. Pauvre moi.

Nouvel éclat de rire. Presque vrai, cette fois-là. Car la situation commençait sincèrement à l’amuser. Elle se demandait surtout ce que son interlocutrice allait être capable de lui proposer. Si elle avait autant de potentiel que prévu, la discussion risquait d’être… mortellement intéressante. Alors qu’elle se mettait à parler de ses « talents », Élise vint épouser les courbes de la demoiselle, la caressant à distance, simplement du regard. Quel petit corps parfait. Visage poupin cachant toute l’horreur. Les perspectives d’un show privé étaient intéressantes mais… l’inventrice voulait tout autre chose. Apprendre. La surpasser ? Quelque chose dans ce genre-là. Lorsqu’Aileen mouvait son corps avec nonchalance et élégance, elle avait quelque part ensorcelé la vieille sorcière mais… Improbable de reproduire le miracle. Si intérêt il y avait, c’était pour lui voler sa jeunesse, voler ses talents. Vampire espérant l’émuler en la détruisant, en aspirant tout son sang. Idée attirante. Idée qu’elle était obligée de mettre de côté. Car elle avait trop besoin d’elle, pour le moment. Le moment viendrait, peut-être, un jour. Mais il était inutile d’y penser plus longuement. Agacement imperceptible. Envie de l’écraser tout en même temps. Calme olympien sur ses traits fins et délicats, Élise fidèle à elle-même, qui ne laisse rien transparaitre ou presque.

-Une exception ? Me voilà comblée mais… Peu importe. Nous en parlerons un peu plus longuement la prochaine fois.

Oui, la prochaine fois. Ce n’était pas une question. Ni même une supposition. Élise était sûre qu’elles allaient se voir. Deux femmes aussi puissantes, intelligentes, blondes, étaient voués à se retrouver à un moment ou un autre dans leur vie. L’inventrice ne comptait pas la lâcher de sitôt. Elle s’accrochait comme une sangsue à ses proies, aspirant tout ce qu’elle pouvait avant de les laisser au bord de la mort. Aileen était toutefois de la vermine de qualité. Et elle ne se laisserait pas faire. Cela ne rendait tout cela que plus intéressant. Élise détestait la faiblesse, ces gens qui se laissaient manipuler et écraser bêtement sans être capable de riposter. Dans ce bas monde, cruel et monstrueux, et il fallait être prêt à tout pour réussir. Mademoiselle Cornéo le comprenait. Ou elle avait l’air de le comprendre, en tout cas. On ne pouvait faire confiance qu’à soi-même, alors pourquoi venir en aide si on ne pouvait en tirer un certain profit ? Dame Scarlet se demandait bien ce que son interlocutrice espérait tirer d’elle. Des informations sur la Shinra ? Sur Rufus ? Elle pouvait bien creuser autant qu’elle le voulait. Elle n’obtiendrait que ce qu’Élise était prête à offrir. C’est-à-dire pas grand-chose.

Aileen, la vilaine vilaine petite fille, s’approchait d’elle, désormais. Pour lui susurrer des âneries. Pour lui dire qu’elle répondrait à sa… ses demandes. Qu’espérait-elle accomplir, en lui offrant une telle… démonstration de ses talents de séductrice ? Elle devait pourtant le savoir, qu’un tel jeu ne lui faisait rien. Qu’il en fallait un peu plus pour la faire fondre. Surtout quand elle ne disposait pas de son arme préférée. Le gourdin. Les charmes féminins l’attiraient parfois… de très rares fois. Aileen répondait aux critères mais de là à sincèrement sentir la faiblesse s’emparer de son corps pour si peu. Démonstration plus pour le public que pour elle, probablement. Mais pourquoi tisser une telle toile ? Personne d’autre ne comptait en cet instant. Juste elles deux, et leurs ambitions personnelles. Aileen pensait pouvoir s’échapper aisément après son petit numéro mais… c’était mal connaitre l’inventrice folle. D’un mouvement précis et contrôlé, Élisa attrapa le visage de sa belle interlocutrice. L’empêchant de se mouvoir quelques instants seulement. Juste le temps de lui murmurer à son tour quelques inepties à l’oreille.

-Idéalement, là tout de suite, ce serait à vous de m’aider. Et pour un tout autre problème mais… Les affaires nous appellent.

Petit clin d’œil alors qu’elle défaisait son emprise sur la jeune demoiselle. Des allusions stupides. Coquines. Qu’Elise ne pensait pas du tout. Mais il était impensable de ne pas lui rendre la même énergie. Elle voulait la surpasser. Alors s’il fallait jouer autant qu’elle, l’inventrice comptait bien obtempérer. Son petit discours était… tout aussi intéressant qu’il n’était agaçant. Car elle ne disait rien de nouveau. Rien de vraiment sensationnel. Toutes ces choses-là, Élise les savait. Avait-lu son dossier avant de se rendre jusque dans son antre. Peut-être n’était elle rien de plus que ça. Dame Scarlet en doutait mais… Si elle ne se sentait pas prête à lui dire la vérité, et toute la vérité, soit. Élise savait patienter. Si elles finissaient par travailler ensembles. Plus d’une chose serait révélée. Tout de son côté à elle. Oui, car l’inventrice n’avait rien à cacher. Elle se fichait pas mal que certaines personnes aient des « informations » sur elle. Dernière gorgée de sa flute. Comme pour se donner du courage. Du courage dont elle n’avait pas besoin. Jamais eu besoin. Car tout était facile, beaucoup trop facile pour elle. Manipuler, tuer, exterminer…

-Espérons que vous m’en disiez un peu plus… d’ici une heure… ou 365 jours. Je reste sur ma faim, Aileen. Que voulez vous donc savoir de moi ? Rien n’est un secret. Les gens du passé qui n’importent pas. Les horreurs offertes au public. Ce que je peux vous dire. C’est que je suis bien humaine. Plus qu’une humaine, je suis une femme. Une femme… dans un monde d’hommes.